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Chronique « Les Somnambules », Chuck Wendig


On ne va pas se mentir, l’année 2020 a été un véritable cataclysme. La pandémie a changé la face du monde et remis en question bon nombre de convictions et de valeurs. Et si je vous disais qu’un roman avait tout prévu ? Qu’on aurait pu anticiper les ruptures de stock improbables, les dérives que ça entraînerait, et surtout on aurait pu vivre une grande aventure depuis notre salon. Ce livre a été traduit en mars 2021, mais a été publié en 2019 aux États-Unis. Il s’agit du roman “Les Somnambules” de Chuck Wendig.

Nous sommes en Pennsylvanie, un 3 juin. Shana cherche sa sœur partout dans la maison familiale et finit par la découvrir dehors, marchant vers une destination inconnue. Nessie ne répond pas quand on lui parle, regarde toujours droit devant elle, et son corps vibre de manière terrifiante quand on tente de l’arrêter de force. Alors Shana la suit, et très vite elles sont rejointes par d’autres personnes prises du même mal et leurs proches. Et ils marchent. Ils ne savent pas où, mais ils marchent. Sans s’arrêter. Très vite, le gouvernement va s’intéresser à ce phénomène qui attire au mieux la curiosité, au pire la paranoïa. Car beaucoup y voient la fin du monde. Ils ne savent pas à quel point ils ont raison de s’inquiéter.

C’est un beau bébé de 1165 pages en grand format aux éditions Sonatine et de 1302 aux éditions Pocket. Et malgré son nombre de pages élevé, on n’arrive pas à lâcher ce livre. Chuck Wendig réussit à capter l’attention du lecteur au fil des pages, jusqu’à une fin qui donne une dernière grande révélation.

 


Qu’est-ce qui permet de garder cette attention sur ce si long terme ? Plusieurs éléments.

Déjà, il y a l’utilisation des codes du genre de la science-fiction. On ne parle pas ici d’un space opera avec des vaisseaux spatiaux et des machines à remonter le temps, mais plutôt d’une intelligence artificielle qui aide les scientifiques chargés de percer ce mystère d’en savoir plus.

Et cette porte du genre permet non seulement d’aborder ce thème si actuel de la place de l’intelligence artificielle, mais aussi de mettre des péripéties qui sautent du scientifiquement probable au presque fantastique. Ce qui nous pousse à tourner les pages quand un nouvel élément arrive. Et il en arrive régulièrement.


Le deuxième élément c’est l’importance des personnages. On suit cinq points de vue principalement, tous différents de part leurs origines, leur métier, leur âge, leur expérience de la vie, ce qui fait qu’on n’est jamais perdu entre les chapitres. Ça nous permet également de voir la portée des Somnambules dans la société américaine, leur impact dans les mentalités et dans les peurs les plus profondément ancrées.


Et l’auteur réalise un tour de force exceptionnel : il réussit à introduire un nouveau personnage récurrent au chapitre 20 (à la page 291 dans mon édition Sonatine) et en quelques pages, on est complètement investi dans ce qui lui arrive. On voit cette femme, Marcy Reyes, dans un jour banal de son quotidien. À noter que son quotidien n’est pas le même que le nôtre : suite à un accident, elle a des hallucinations visuelles et auditives, qui rendent sa vie cauchemardesque au sens propre du terme. Ce jour-là, un de ses voisins vient lui voler de la nourriture, comme il le fait régulièrement, parce que Marcy est incapable de se défendre. Cependant, le passage du cortège des somnambules va venir bousculer sa vie, et elle deviendra un personnage qui montrera une nouvelle facette du phénomène. Tout ceci en sept pages.

Et cette caractérisation efficace marche avec tous les autres personnages du roman : ils ont tous une voix, un caractère, des valeurs qui auront des conséquences sur leurs choix et leurs décisions.

Et un troisième prisme qui est vraiment intéressant, même si plus éloigné de la narration, ce sont les chroniques que l’auteur distille dans le roman. Que ça prenne la forme de tweet complotiste, d’interview télévisée, d’un article scientifique ou des petites scènes à l’autre bout du monde, on a une multiplicité des points de vue qui ne fait que renforcer l’impact mondial des somnambules. Ça permet aussi d’aborder les thématiques de la politique aux États-Unis, du racisme, de la nature humaine au-delà des personnages qu’on suit. Car après tout, on en suit “seulement” cinq sur des milliards. Ces petits interludes sont loin d’être insignifiants, ce sont de véritables fenêtres sur le reste du monde créé par Chuck Wendig (même s’il est inspiré du monde réel).

Ça ne vous étonnera pas si je vous dis que, dans ses remerciements, il mentionne des auteurs et des autrices comme Stephen King, Margaret Atwood ou Emily St. John Mandel, connus pour des œuvres futuristes ou horrifiques qui ont inspiré Les Somnambules (“Le Fléau”, par exemple, est mentionné dans l’intrigue).

J’ai lu ce roman en 2021, et il me hante encore aujourd’hui. C’est une épopée à expérimenter !

RESSOURCES :
Blog de Chuck Wendig :
https://terribleminds.com/
Interview de Chuck Wendig où il parle de son processus d’écriture (entre autre) : https://www.youtube.com/watch?v=0ybbaRJr6Y4


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