La collection Secrets d’écriture des éditions Le Robert-Presses de la Cité nous offre un précieux aperçu des techniques utilisées par les professionnels de la littérature. Dans cet ouvrage, Susie Morgenstern, partage généreusement son expérience forgée dès son enfance par sa passion pour la lecture.
La collection Secrets d’écriture, aux éditions Le Robert-Presses de la Cité, nous présente les techniques des professionnels de la littérature. Notre barde américaine Susie Morgenstern s’épanche généreusement sur sa pratique née d’une appétence pour la lecture dès l’enfance.
Depuis 2 générations, elle pétille d’avoir traversé 18 exils de l’existence et arrose le public de ses métamorphoses écrites. Elle a travaillé avec tous les éditeurs de France, ou presque. Sous le bouillonnement de l’artiste de son temps, Susie ne perd pas de vue sa méthodologie de travail parce qu’elle connaît ses défauts de jouisseuse.
Susie s’exploite elle-même en tant que matière première à raconter. Sa quatrième de couv’ annonce blanc sur rose qu’ “écrire c’est de l’archéologie intime. On fouille avec le stylo à la recherche de soi-même. On plonge dans les profondeurs d’une mer inconnue pour pêcher des poissons qui nagent à l’intérieur de nous. C’est la mine qu’on descend pour chercher de l’or. C’est la cave à vieilles bouteilles de vin. C’est un chemin de pèlerinage, la chasse au trésors, l’éternelle quête de soi-même.”
Son champ d’émotions et d’expériences personnelles est labouré régulièrement pour assurer une récolte du quotidien, ses fiches de personnages détaillées se couplent d’une fouille de leur intimité : “Je peux les interviewer”. L’observation est source perpétuelle d’idées et pour les aboutir elle embrasse le travail de réécriture en absorbant les retours sur sa production.
“Je savais que j’allais écrire un roman: La Salle des profs. J’ai changé le point de vue plusieurs fois, de la troisième personne à la première personne, et même deux personnages qui s’expriment à la première personne. Cela fait partie du processus de la réécriture d’un livre. J’aime aussi ça. Tout est là ; il ne reste qu’à l’améliorer. Il m’arrive aussi de changer le sexe des héros. Les arguments des éditeurs m’ont encouragée à tuer plusieurs personnages (il y en avait trop), à adoucir la personnalité d’une garce, à rendre l’une des profs moins sexy, à rajeunir le héros, et à changer le destin de plusieurs protagonistes.”
Le secret de sa joie perpétuelle? Une gourmandise vivace jusque dans l’apprentissage. Susie Morgenstern absorbe avec avidité tout ce qui peut bonifier son travail :
“C’est une bonne idée de suivre un cours pour construire un scénario, mes romans ont changé depuis. J’ai appris les mots enjeu, conflit, adversité. J’ai compris les questions qu’il faut poser à son histoire: quel est le but, le contexte, la motivation des personnages?”
Avec autodérision et conscience de sa chance, Susie Morgenstern se livre abondamment :
“Je n’ai pas un regard critique sur mon propre travail, j’ai l’habitude de le relire et de le trouver génial, ce qui a incité mon mari Jacques à m’appeler ‘l’imbécile heureuse’ Heureusement qu’il y a des éditeurs qui contribuent à améliorer les livres. Il y a peu de critiques de la littérature de jeunesse dans les médias, ce qui fait que nous vivons dans le paradis des idiots.”
“Ecrire c’est respirer” de Susie Morgenstern de la collection Secrets d’écriture permet d’approcher et de comprendre l’artisanat de l’écriture : une pratique exigeant discipline et constance, nous dévoile Susie qui avoue écrire habillée et chaussée au petit jour.
Interview réalisée le 2 avril 2023 – La Fête du Livre Jeunesse de Villeurbanne 2023. Questions : Amoreena Winkler. Caméra : Lionel Tran. Montage : Ryu Randoin.