Découvrez « Termush » de Sven Holm, une dystopie saisissante qui, à travers le prisme d’un luxe apocalyptique, explore les conséquences du confinement forcé et de la survie en marge du monde.
Dans l’effervescence actuelle des dystopies, qui reflètent les mutations complexes de notre ère (comme le montrent « Station Eleven », « Fallout », « Les 100 » et d’autres), « Termush » de Sven Holm, publié initialement en 1967 au Danemark en pleine guerre froide, ressurgit enfin dans une traduction française, enrichissant la collection « Ailleurs et demain » des éditions Robert Laffont. Cette œuvre nous est présentée dans un format attrayant, invitant à redécouvrir un classique méconnu du genre dystopique.
L’écriture de Holm, qualifiée de froide et désincarnée, adopte une esthétique rétro post-moderne, se détachant par son originalité stylistique. « Termush » est structuré sous forme de journal intime, un choix narratif qui intensifie l’impression de réflexion personnelle et de critique sociale. Le récit nous plonge dans le quotidien d’un groupe de riches privilégiés qui, ayant anticipé les catastrophes à venir, se retrouvent confinés dans une sorte de complexe touristique de luxe transformé en bunker. À travers les yeux de son narrateur, un observateur minutieux et analytique, le livre explore les tentatives de ces individus pour échapper aux horreurs extérieures par le confinement tout en cherchant à préserver une façade de normalité.
Le constat du narrateur est sombre : il présente une société où l’isolement et la séparation d’avec la réalité commune sont palpables. Les personnages, difficiles à appréhender et souvent distants, servent de miroir à notre propre retrait du monde, évoquant un sentiment d’aliénation universelle. Cette distance narrative est renforcée par des métaphores physiques, telles que l’affirmation que « nos globules rouges se sont pressés au plus profond de nos corps », illustrant une réaction viscérale à la peur et à l’isolement.
« Termush » interroge ainsi l’efficacité des refuges auto-imposés face aux désastres et aux crises morales. En dépit de leur apparente sécurité, les personnages sont incessamment rappelés à la fragilité de leur condition, à l’instabilité du monde extérieur et aux fissures grandissantes au sein de leur microcosme soigneusement contrôlé.
Cette édition invite à une réflexion sur notre propre époque, marquée par des crises écologiques et sociales, où le besoin de se replier peut parfois sembler aussi tentant qu’il est dangereux. « Termush » est donc plus qu’une simple histoire ; c’est un appel à examiner les choix qui nous guident et les sanctuaires que nous construisons, que ce soit physiquement ou mentalement.