Adresse : 10 rue du chariot d’or, 69004 Lyon
Mail : contact@artisansdelafiction.com
Tél. : 04.78.29.82.07

 

Permanences téléphoniques et accueil :
les mercredis de 14h à 18h (hors vacances scolaires)

Nous suivre sur les réseaux
S’inscrire à notre newsletter

Lectures d’Été 2024


Cet été, laissez-vous emporter par nos recommandations littéraires de 2024, soigneusement sélectionnées par l’École de Creative Writing Les Artisans de la Fiction. Que vous soyez passionné par le polar, intrigué par des essais littéraires ou en quête d’inspiration pour votre propre écriture, notre sélection offre des œuvres captivantes qui enrichiront vos vacances. Découvrez des titres palpitants, immersifs et profondément réfléchis qui vous accompagneront tout au long de la saison estivale.

Lionel Tran vous recommande : 


Le diable sur mon épaule, Gabino Iglesias (roman d’horreur)

En grandissant dans la Zup, j’avais peur. Peur d’être inadapté en tant que bâtard sans père, peur des caves sombres et pisseuses où j’imaginais que des choses étranges pouvaient se produire, peur de la folie qui pouvait exploser d’un appartement à l’autre, et surtout peur de la violence omniprésente. Le diable sur mon épaule, de Gabino Iglesias recrée parfaitement cette peur latente, sociale et viscérale. Son protagoniste, Mario, bâtard sans père, a fait des études qui ne l’ont mené nulle part, et lorsqu’il perd sa fille, il ne lui reste plus rien, hormis devenir un tueur minable, à la solde des cartels. Mais l’horreur ne s’arrête pas au désespoir social : sous la violence résident des forces maléfiques, auxquelles les innocents sont offerts en sacrifice, et qui deviennent esclaves, même au-delà de la mort.

L’écriture de Gabino Iglesias, professeur de creative writing,  mêle roman criminel noir, de façon précise, dynamique et immersive (le grand antagoniste ici, c’est le mépris social, et le racisme), et horreur, une horreur réaliste et viscérale. Un roman hybride, torve, sombre et terrifiant à emporter en vacances !

 

Le sympathisant, Viet Thanh Nguyen (roman)

L’adaptation supervisée par Park Chan-Wook (HBO) a fait beaucoup parler d’elle, et je vous la recommande d’ailleurs, car elle a su trouver des solutions narratives audacieuses pour adapter le roman de Viet Thanh Nguyen, jugé inadaptable. Le sympathisant est la confession écrite de son protagoniste emprisonné dans un camp de rééducation communiste nord-vietnamien. Vo Danh est un métis franco-vietnamien, formé aux États-Unis et ayant infiltré au plus haut niveau l’armée du Sud-Vietnam durant la guerre du même nom. Le « héros » est donc un agent double, à l’identité floue (son père ne l’a pas reconnu, aux yeux des militaires américains, il est une curiosité, il est méprisé par les Vietnamiens).

L’écriture, inconfortable et drôle, prend la forme d’un long monologue intérieur, où sont évoquées sans complaisance l’absurdité de la colonisation, les horreurs du capitalisme et de la dystopie communiste, l’amour du libre arbitre, l’amour de la révolution de classe, la réécriture de l’histoire par Hollywood, les perversions de la CIA, et la désillusion.

La conclusion est glaçante de nihilisme : au bout de l’histoire, RIEN est la seule chose qui reste, tout combat, qu’il soit issu de la peur ou de l’idéalisme, ne débouche sur aucun progrès.

Un roman ambitieux, primé par le Pulitzer, qui permet de comprendre la complexité des enjeux sociétaux actuels : qui sont les enfants des guerres, hybrides nés de l’accouplement de pays n’ayant rien en commun, et surtout : quel avenir monstrueux incarnent-ils ? L’écriture précise, ironique, fonctionne par flots, mêlant relecture historique, scènes traumatisantes, réécriture impitoyable de sa vie par le protagoniste. Nos élèves se pencheront avec délectation sur le comparatif entre la structure de ce roman et son adaptation en série !

Le dévoué, Viet Thanh Nguyen (roman)

Vous avez adoré la série Le sympathisant et vous vous rongez les sangs en vous demandant si HBO va produire une seconde saison ? Vous avez de la chance, car la suite du Sympathisant existe déjà, sous la forme d’un roman, toujours écrit par Viet Thanh Nguyen. Dans Le dévoué, vous retrouverez Vo Danh, le fameux agent double, qui vient d’arriver à Paris avec son ami Bon, tous deux réfugiés boat people. Là où Le sympathisant faisait mal en remettant en perspective la guerre du Vietnam, Le dévoué retourne le couteau dans la plaie de la colonisation française, mettant dos à dos la colonisation de l’Indochine et celle de l’Algérie.
Dès leur arrivée, Vo Danh et Bon trouvent un travail dans un sordide restaurant chinois tenu par des Vietnamiens. Vo Danh se met rapidement à vendre du haschich aux intellectuels gauchistes parisiens et entre inévitablement en guerre avec les dealers algériens.

Extrêmement bien documenté sur la communauté vietnamienne et sur les études dé coloniales, le livre est d’une férocité et d’une maîtrise narrative bien supérieures au Sympathisant. Ça fait mal, phrase après phrase, paragraphe après paragraphe, de la première à la dernière ligne. Et l’esprit des Lumières à la française en prend pour son grade.

Amoreena Winkler  vous recommande :



« Termush » de Sven Holm – Ailleurs & Demain
Dans l’effervescence des dystopies actuelles, « Termush » de Sven Holm, publié initialement en 1967 et récemment traduit en français par la collection Ailleurs & Demain, se distingue par sa vision froide et désincarnée d’un avenir sombre. Ce roman, rédigé sous forme de journal intime, nous plonge dans le quotidien de riches privilégiés confinés dans un bunker luxueux, observant un monde en décomposition à travers les yeux d’un narrateur rationnel. Holm explore la distance émotionnelle et l’isolement social de ces personnages, offrant une réflexion critique sur la sécurité illusoire des refuges auto-imposés et l’aliénation universelle.

Une œuvre qui résonne particulièrement à une époque marquée par des crises écologiques et sociales.



Françoise Bourdin: Des histoires qui vous ressemblent

Dans « Des histoires qui vous ressemblent » de la collection Secrets d’écriture chez Le Robert, Françoise Bourdin partage les coulisses de son processus d’écriture, offrant un aperçu précieux de son art. Elle insiste sur une écriture fluide et accessible, conseillant de commencer et finir les scènes de manière concise pour maintenir l’intérêt du lecteur.

Bourdin, souvent méprisée par l’élite littéraire, a pourtant capté un large public avec ses sagas familiales qui insufflent espoir et explorent les conflits familiaux. Elle rend hommage à ses influences, comme Colette et Robert Merle, et souligne l’importance du travail de l’univers narratif et des personnages. Cet ouvrage est une véritable corne d’abondance de conseils pour tout écrivain aspirant.

Bernard Minier: Territoires du mystère

Dans « Territoires du mystère », Bernard Minier nous ouvre les portes de son processus créatif à travers une écriture généreuse et éclairante. Publié dans la collection Secrets d’écriture chez Le Robert, ce livre foisonne de conseils pratiques et d’anecdotes inspirantes. Minier, influencé par des classiques comme Robinson Crusoé et Lovecraft, souligne l’importance de l’empathie dans la création de thrillers captivants.

Il met en garde contre les clichés et préconise l’utilisation d’images puissantes pour toucher les lecteurs. L’ouvrage, riche en références et en sagesse narrative, est un guide précieux pour ceux qui aspirent à écrire des histoires fascinantes et profondes.

 

Aline Pichet vous recommande :

L’aube sera grandiose, Anne-Laure Bondoux (roman)

Nine ne s’est préparé pendant des semaines que pour une chose : aller au bal de son lycée. Mais lorsqu’elle sort de son entraînement de natation, à quelques heures de l’événement, sa mère a bien d’autres projets pour elles, cette nuit. Elle emmène sa fille dans un chalet au bord d’un lac, et lui promet qu’elle va tout lui dire de leur famille.

Anne-Laure Bondoux est une grande conteuse, vous l’avez déjà vu avec ma chronique sur un autre de ses romans “Les larmes de l’assassin”. C’est une histoire tout en poésie et en sensibilité sur les relations familiales avec la France des années 70 et 80 en toile de fond. Nous passons la nuit avec Nine et sa maman, pourtant on traverse les années sans les voir passer. Un très beau roman à découvrir cet été !

La Passe-Miroir, Christelle Dabos (fantasy)

Ophélie a toujours vécu sur son Arche, entourée de sa famille. Mais il est grand temps pour elle de se marier, et puisqu’elle a refusé les propositions de ses cousins, c’est Thorn qu’elle épousera. C’est un homme froid, distant et mystérieux, exactement comme la Citacielle dont il est originaire. Ophélie va devoir le suivre dans les dédales de la capitale du Pôle, se faire discrète pour ne pas perdre la vie, et comprendre ce que les Dragons – la famille de Thorn – veulent tirer d’elle…

Dès les premières pages, Christelle Dabos nous plonge dans un univers de fantasy fascinant et immersif. Dans ce premier tome, on suit l’évolution de la protagoniste qui va devoir faire ses armes dans un environnement hostile, entre guerres de famille et pouvoirs tous plus dangereux les uns que les autres. Si vous avez trop chaud cet été – s’il arrive un jour – je vous conseille cette lecture : la Citacielle est l’équivalent du Pôle Nord chez nous.

 

Julie Fuster vous recommande : 


« Le Gardien invisible », Dolores Redondo (polar)

De très jeunes femmes sont retrouvées mortes dans une forêt du Pays basque espagnol, à proximité du village natal de l’inspectrice Amaia Salazar. Voilà cette dernière obligée d’affronter un passé familial qui la hante, un village où presque toutes les femmes sont stériles et les réminiscences d’un être légendaire, le basajaun, homme des forêts. A moins que tout ceci ne soit qu’une fausse piste ? Un thriller palpitant, à la plume magnifique et aux personnages d’une grande sensibilité, le tout posé dans un univers narratif extrêmement précis et maîtrisé. 

« Storyworthy », Matthew Dicks (non-fiction)

Le champion multi-primé de storytelling livre ici ses meilleures techniques pour raconter des histoires qui marquent auditoire et lectorat. Pas de recette ni de coup de baguette magique, Matthew vous invite à vous pencher sur votre propre vécu pour en redécouvrir les pépites qu’il recèle. Loin d’être radin en conseils pratiques, l’auteur utilise ses propres expériences, réussites, échecs et histoires pour vous apprendre à reformuler un récit de la manière la plus captivante possible.

Si la forme de ce manuel de non-fiction peut en refroidir certains et certaines (les premières pages vous feront sûrement penser à un post Linkedin trop bien rédigé), il serait dommage de s’arrêter à cette première impression, car il existe peu de conteurs qui, comme Matthew, ont un vrai désir de transmettre leur technique de façon claire, pragmatique et très efficace. 

A lire pour mettre en application !

« Les techniques de style – Vocabulaire, figures de rhétorique, syntaxe, rythme », Jean Kokelberg (manuel)

L’été peut être un moment privilégié pour travailler des aspects de sa prose qu’on a moins le temps de peaufiner pendant le reste de l’année… Et pourquoi pas vous pencher sur la question du style de vos textes ? Avez-vous l’impression d’être coincé dans une manière d’écrire ? D’être bloqué dans un style trop sec ou à l’inverse dans un style trop ampoulé ?

Voici l’un des rares manuels de style (en français) adapté à la fiction écrite. Il ne réglera pas tous vos problèmes de style (en particulier les questions de syntaxe), mais vous donnera de très très nombreuses idées, des exemples et des exercices pour varier votre vocabulaire, le rythme de vos phrases, le rythme de vos paragraphes, la teneur de vos figures de style. 

Et fait notable : l’auteur  privilégie toujours le sens, la précision et la fluidité du texte plutôt que les effets de manche ! Si vous lisez l’anglais, ce manuel fera un excellent complément à un petit ouvrage très pratique, « The Elements of Style » de W Strunk et EB White, qui compilent aussi des conseils de grammaire et de syntaxe très concrets pour rendre sa prose plus simple, plus belle, plus efficace, plus fluide. Même s’il s’adresse à des écrivains anglophones, de nombreux conseils trouvent leur pertinence dans le français écrit.

 

Aller à la barre d’outils