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Maîtriser l’art de la Dystopie


Plongez dans l’univers des dystopies et découvrez les secrets de leur construction narrative. Cet article vous guide à travers les origines, les règles fondamentales, et les exemples emblématiques du genre, vous offrant les clés pour créer des récits captivants et riches en réflexions sociales et morales.

Histoire et origines de la dystopie

La dystopie, terme dérivé du grec ancien « dys » (mauvais) et « topos » (lieu), dépeint des sociétés cauchemardesques et oppressives où les idéaux de justice et de liberté sont anéantis. Contrairement à l’utopie, qui décrit des sociétés idéales, la dystopie explore les pires aspects de la condition humaine et les conséquences extrêmes de certains courants politiques, économiques et technologiques. Ce genre littéraire et cinématographique trouve ses racines dans la critique sociale et politique, visant souvent à mettre en garde contre les dérives potentielles de notre société.

Les ancêtres de la dystopie:

« Utopia / L’Utopie », Thomas More, 1516.  Dans un ailleurs géographique : une île idéale précurseure du socialisme. Les dissidents sont réduits en esclavage. L’utopie des uns est la dystopie des autres.

« L’An 2440 » , Louis sébastien Mercier, 1771. Pour la première fois de l’anticipation : dans un ailleurs temporel, l’auteur imagine Paris sous l’éclairage des Lumières, où l’absolutisme n’est plus. Son rêve de révolution paisible deviendra un bain de sang dans la réalité. 

Les classiques de la dystopie

Parmi les œuvres fondatrices du genre, on trouve :

  • « Nous » de Evgueni Zamiatine (1920), qui explore les dangers d’un collectivisme extrême.

  • « Le Meilleur des Mondes » d’Aldous Huxley 1932), une société où les individus sont conditionnés à accepter leur rôle sans questionner l’ordre établi.

  • « 1984 » de George Orwell (1949), une vision sombre d’un État totalitaire où la surveillance est omniprésente.

Ces œuvres ont jeté les bases du genre en exposant les menaces de la surveillance, de la perte d’individualité et de la manipulation de masse.

 

Références modernes

Le genre dystopique a continué à se développer, s’adaptant aux préoccupations contemporaines :

  • « The Hunger Games » de Suzanne Collins (2008) explore une société post-apocalyptique où des adolescents sont contraints de participer à des jeux mortels.
  • « La Servante Écarlate » de Margaret Atwood (1985), qui imagine une théocratie où les femmes sont réduites à l’état de reproductrices.
  • « Snowpiercer » de Bong Joon-ho (2013), qui décrit un train abritant les derniers survivants de l’humanité dans une lutte de classes exacerbée. (adaptation de la BD française de Benjamin Legrand)

Ces œuvres modernes reflètent des craintes actuelles telles que l’autoritarisme, les inégalités sociales et les catastrophes environnementales.

Règles de construction d’une histoire de dystopie

1. Créer un monde opprimant et cohérent

La première étape pour écrire une dystopie est de concevoir un monde crédible et terrifiant. Ce monde doit être une extrapolation de notre réalité, où un aspect particulier de la société a été poussé à l’extrême. Par exemple, « The Matrix » (1999) explore une réalité virtuelle contrôlée par des machines, tandis que « Bienvenue à Gattaca » (1997) examine les conséquences d’une société obsédée par la perfection génétique.

2. Développer une structure de pouvoir oppressive

Une dystopie nécessite une structure de pouvoir centralisée et oppressante. Cette entité peut être un gouvernement autoritaire, une corporation puissante, ou même une idéologie écrasante. Dans « 1984 », c’est le Parti qui contrôle tous les aspects de la vie, tandis que dans « V pour Vendetta » (1982), c’est un régime fasciste.

3. Intégrer des personnages complexes et résistants

Les protagonistes des histoires dystopiques sont souvent des individus ordinaires qui prennent conscience de la nature oppressive de leur société et décident de résister. Katniss Everdeen dans « The Hunger Games » ou Winston Smith dans « 1984 » sont des exemples classiques de personnages qui se rebellent contre l’ordre établi.



4. Utiliser des thèmes universels et pertinents

Les meilleures dystopies abordent des thèmes universels et intemporels tels que la liberté, la justice, et la résistance à l’oppression. Elles explorent également des préoccupations spécifiques à leur époque, comme la surveillance de masse dans « Minority Report » (2002) ou la déshumanisation dans « Equilibrium » (2002).

 

5. Créer des scènes de tension et de conflit

Pour maintenir l’intérêt du lecteur, une dystopie doit être riche en tension et en conflit. Les situations doivent mettre en évidence les dangers et les dilemmes auxquels les personnages sont confrontés. « The Maze Runner » (2009) et « Brazil » (1985) sont des exemples de récits où le danger est omniprésent et le conflit inévitable.

6. Établir des conséquences réalistes et implacables

Dans une dystopie, les actions des personnages ont souvent des conséquences graves et irréversibles. Cela renforce l’impression de danger constant et l’urgence de la situation. Par exemple, dans « La Servante Écarlate », les tentatives de résistance peuvent entraîner des punitions sévères, voire la mort.

Les besoins auxquels répond la dystopie

Les dystopies répondent à des besoins humains fondamentaux de réflexion et de critique sociale. Elles servent de miroirs déformants qui nous permettent de voir les défauts de notre société sous un jour nouveau. Selon Christopher Booker dans The Seven Basic Plots, les récits dystopiques souvent suivent le motif de « Affronter le Monstre », où les héros doivent affronter et vaincre une force oppressive.

Exemples

  • « The Truman Show » (1998): Truman découvre que sa vie est une émission de télévision contrôlée, explorant les thèmes de la surveillance et de la manipulation. (cf. The Contestant, 8 Game…)

  • « Snowpiercer » : Les passagers d’un train post-apocalyptique luttent pour renverser un système de classes rigide.
  • « The Lobster » (2015) : Une satire sur les pressions sociales concernant les relations, où les célibataires sont transformés en animaux s’ils ne trouvent pas de partenaire.

Ces histoires permettent aux lecteurs de questionner la réalité et les normes sociales, stimulant la réflexion critique et la prise de conscience.

Conclusion

La dystopie est un genre puissant qui utilise des mondes imaginaires pour explorer des vérités fondamentales sur la condition humaine et les dangers potentiels de notre société. En suivant des règles de construction narrative solides et en s’inspirant des œuvres classiques et modernes, les écrivains peuvent créer des histoires captivantes qui non seulement divertissent mais aussi interrogent et inspirent leurs lecteurs. Que vous soyez un écrivain en herbe ou un auteur confirmé, comprendre et maîtriser les principes de la dystopie peut enrichir votre écriture et offrir des récits profondément significatifs.

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