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L’écriture est un labeur – Gil Bartholeyns


L’intelligence artificielle va-t-elle remplacer l’écrivain, comme certains le redoutent, ou est-elle simplement un outil parmi d’autres dans l’arsenal créatif ? Pour Gil Bartholeyns, romancier belge et historien, la réponse est claire : les IA ne sont que des « stagiaires maladroits » face à la complexité du travail littéraire, ancré dans la réécriture, la documentation, et la quête de l’intime.

Gil Bartholeyns n’est pas un écrivain ordinaire. Historien de formation, son approche de l’écriture est façonnée par une méthode rigoureuse qui allie préparation intense, documentation minutieuse et travail acharné sur le texte. Lors de notre interview exclusive, il se confie sur la manière dont il envisage le processus créatif, la place prépondérante de la réécriture, et son regard nuancé sur l’intelligence artificielle.

Le travail préparatoire : entre immersion et intuition

Pour Bartholeyns, le travail préparatoire est une phase essentielle dans la création d’un roman, et il ne laisse rien au hasard. Il partage son expérience de recherche pour Deux kilos deux (2019), où il a longuement enquêté dans le monde fermé de l’élevage industriel.

« Quand on fait un roman qui se passe dans un sous-marin, la moindre des choses, c’est d’aller en visiter un, » dit-il, illustrant ainsi l’importance de s’immerger dans son sujet. Pourtant, il met en garde contre l’excès de documentation : « 99 % de ce que j’ai appris, je ne l’ai pas remis dans le livre. »

Pour son deuxième roman, L’Occupation du ciel (2024), qui explore la conquête spatiale, Bartholeyns a pris une approche différente. « Je n’ai pas fait un stage à la NASA de six mois, » plaisante-t-il. Ce virage montre une volonté de s’émanciper du cadre documentaire pour laisser place à l’imaginaire. Cette méthode témoigne de son désir de ne pas se laisser emprisonner par la réalité, même lorsqu’il s’en inspire.

La réécriture : le véritable labeur de l’écrivain

Selon Bartholeyns, la première version d’un texte n’est qu’une ébauche. La vraie création se fait dans la réécriture, un processus laborieux qui requiert patience et précision.

« Je passe plus de temps à relire, à peaufiner, à polir, qu’à écrire, » explique-t-il. La comparaison avec la peinture à l’huile est éloquente : « L’écriture, c’est comme la peinture à l’huile, ce n’est jamais sec. On peut toujours y revenir. »

Cette démarche traduit un perfectionnisme : l’auteur cherche à affiner son texte jusqu’à ce qu’il trouve un équilibre délicat. « C’est un plaisir de passer du temps avec son texte, de le raccourcir, de le resserrer, » confie-t-il. Pour lui, chaque phrase doit résonner avec le tout, dans une forme de cohérence quasi musicale. Il ne s’agit pas seulement de corriger des fautes ou d’enrichir le vocabulaire, mais de rendre chaque élément narratif indispensable.

L’intelligence artificielle : un faux péril pour la littérature ?

À l’heure où l’IA est de plus en plus présente dans la création littéraire et artistique, la question de son impact sur le métier d’écrivain est incontournable. Bartholeyns aborde ce sujet avec pragmatisme.

Pour lui, les IA, comme ChatGPT ou les générateurs d’images, sont des outils intéressants mais limités. « C’est un stagiaire, un mauvais stagiaire, mais un stagiaire tout de même, » dit-il en souriant.


Selon lui, ces outils peuvent aider à gagner du temps, notamment pour la recherche ou la rédaction de documents simples, mais ils n’ont pas la finesse nécessaire pour produire des œuvres littéraires authentiques.
Il nuance toutefois son propos en reconnaissant que l’IA pourrait avoir des conséquences dans certains domaines créatifs, notamment dans le cinéma ou les routines d’écriture automatisées. Mais pour la littérature, il se veut rassurant : « Je ne crois pas qu’il y ait un danger pour la créativité. L’écriture d’un roman reste un travail humain, qui nécessite du temps, de la réflexion et de la sensibilité. »

La quête de l’atmosphère et des personnages

Au-delà de la technique, Bartholeyns insiste sur l’importance des atmosphères et des personnages, qui prennent vie progressivement au fil du texte. Contrairement à certains écrivains qui construisent des fiches détaillées pour chacun de leurs personnages, il préfère laisser ces derniers émerger naturellement. « Je n’écris pas une fiche comme un rôliste. Je fais avancer le récit et peu à peu, les personnages prennent forme. »

Cette approche intuitive, où l’atmosphère précède parfois la narration elle-même, s’inscrit dans une conception fluide de l’écriture. Pour Bartholeyns, l’écrivain doit rester à l’écoute de son texte, qui révèle ses secrets au fil des révisions successives. « Le roman, c’est une figure. La figure, peu à peu, apparaît, » résume-t-il.

Un avenir littéraire hybride et résilient

Si Bartholeyns explore parfois de nouveaux genres, comme la science-fiction dans L’Occupation du ciel, il refuse de se laisser enfermer dans une case. Il prône une hybridation des formes, où les genres littéraires sont moins des catégories rigides que des espaces de liberté à réinventer. « Il faut suivre ses amours littéraires, pas les genres, » affirme-t-il.

En définitive, l’avenir de la littérature, même face aux défis technologiques, est pour Bartholeyns celui d’une résilience créative. Le travail de préparation, la réécriture, et la quête de l’atmosphère resteront au cœur du processus. Quant à l’IA, elle sera peut-être un jour domestiquée, mais elle ne remplacera jamais le souffle humain qui donne vie aux grandes œuvres littéraires.

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