Dans l’industrie de la fiction, les écrivains puisent souvent leur inspiration chez leurs pairs. Est-ce un simple apprentissage technique ou une absence d’innovation ? Camille Couasse, scénariste ayant travaillé pour Lupin, Les Bracelets Rouges et Vortex, nous partage sa vision de l’écriture collaborative et de l’importance de s’inspirer des œuvres existantes. Son approche enflamme le débat : un auteur peut-il vraiment être original en analysant les créations des autres ? Découvrez ses réflexions et conseils dans notre interview exclusive.
Camille Couasse, scénariste talentueuse, partage son expérience et ses conseils sur l’importance d’apprendre des autres auteurs dans une interview exclusive pour les Artisans de la Fiction. Que ce soit par l’étude des structures narratives, l’inspiration des modèles, ou l’analyse des œuvres d’autres scénaristes et showrunner, Camille Couasse nous montre comment une démarche collaborative et humble peut aider les auteurs à affiner leur propre écriture.
L’importance de l’anatomie narrative
L’un des conseils centraux de Camille Couasse pour les auteurs en herbe est d’étudier et de comprendre les structures narratives. Elle explique :
« C’est d’abord savoir ce qu’on a envie de raconter profondément. Ensuite, on regarde la structure de quelque chose dans le même genre, pour voir comment on peut l’adapter. »
Pour elle, il est essentiel de prendre des séries, films, ou livres similaires dans le même genre que celui dans lequel on souhaite écrire, et de les analyser scène par scène. Cela permet non seulement de comprendre les éléments structurels qui font la force de l’œuvre, mais aussi de s’en inspirer pour créer sa propre histoire.
Camille insiste sur la nécessité d’observer comment un récit est construit pour en tirer des leçons concrètes, même si l’auteur finit par se détacher de cette structure initiale pour créer quelque chose de personnel.
Par exemple, lorsqu’elle écrit dans le domaine médical ou dramatique, elle prend des œuvres comme Grey’s Anatomy pour en étudier la structure, le nombre de séquences, et la dynamique entre les personnages. Selon elle :
« Il y a 50 séquences dans Grey’s Anatomy, donc je me demande comment je pourrais faire en sorte que mon histoire rentre dans un cadre similaire. »
Se sentir moins seul à travers les histoires
Pour Camille, les histoires ont également une fonction émotionnelle très puissante. Elles permettent aux lecteurs ou spectateurs de se sentir moins seuls en leur montrant qu’ils ne sont pas les seuls à traverser des épreuves similaires. Elle se souvient de son adolescence et de la façon dont Buffy contre les vampires l’a marquée :
« Buffy subit une énorme pression. Moi, adolescente dépressive, je me disais que si elle souffre aussi, je ne suis pas seule. »
Cette idée de connexion émotionnelle est fondamentale pour Camille. Elle explique que les histoires peuvent devenir un miroir pour les spectateurs, leur permettant de réaliser qu’ils partagent leurs souffrances avec d’autres. Cela renforce l’idée que les histoires ont un pouvoir cathartique et un effet de réconfort. Apprendre des autres auteurs, c’est aussi comprendre comment ils utilisent ce pouvoir pour toucher leur audience.
S’inspirer de modèles narratifs et collaborer
Camille Couasse n’hésite pas à citer les auteurs et scénaristes qui l’inspirent. Elle mentionne Shonda Rhimes, créatrice de Grey’s Anatomy, comme une figure de référence, en raison de son talent pour construire des séries captivantes qui explorent des dilemmes humains profonds. De même, elle admire Alan Ball, créateur de Six Feet Under et de American Beauty, pour sa capacité à aborder des thèmes de mélancolie et de mortalité :
« Alan Ball explore des questions existentielles profondes dans chacune de ses œuvres, ce qui donne une dimension émotionnelle unique à ses histoires. »
Mais Camille ne se contente pas de s’inspirer des grands noms du milieu ; elle est également profondément impliquée dans des collectifs d’auteurs. Selon elle, l’échange avec d’autres créateurs est essentiel pour progresser. Elle raconte comment, avec des collègues, ils se réunissent régulièrement pour lire et critiquer leurs travaux respectifs :
« On se fait des retours sur nos textes, ce qui nous tire vers le haut. »
Ce travail collectif est précieux, car il permet de bénéficier de perspectives différentes. Camille insiste également sur la générosité dans l’apprentissage. Lorsqu’on demande de l’aide pour un texte, il est important d’avoir au préalable offert son propre soutien aux autres. Pour elle, l’entraide est la clé pour construire un réseau solide et durable.
Apprendre en décortiquant les codes des genres
Camille est une fervente défenseuse de l’utilisation des codes des genres dans la création. Elle explique qu’il est essentiel de connaître et d’étudier les codes spécifiques aux genres avant de se lancer dans un projet. Que ce soit pour une comédie, un thriller ou une série d’espionnage, il est crucial de comprendre ce que le public attend afin de structurer correctement son récit :
« Quand on fait une série d’espionnage, on regarde des séries d’espionnage, on note chaque scène et conflit, et on décortique comment ça a été construit. »
L’étude des genres aide à comprendre les attentes du public tout en laissant une marge pour surprendre. Par exemple, Camille admire des œuvres qui arrivent à transcender leur genre, comme Get Out, un thriller-horreur qui mêle une critique sociale puissante à des éléments de suspense et de frisson. Elle recommande également de mélanger les genres pour créer des émotions variées :
« Les hybrides comme Normal People ou 500 jours ensemble mélangent plusieurs genres et amènent un mouvement dans la structure. »
Se former et se remettre en question
Camille insiste également sur l’importance de la formation continue. Elle a suivi plusieurs formations, notamment au CEEA (Conservatoire Européen d’Ecriture Audiovisuelle), à Berlin via l’AFDAS, et à l’UCLA. Ces formations lui ont permis de dépasser les obstacles auxquels elle était confrontée seule :
« Il y a un moment où j’ai atteint la limite de ce que je pouvais faire seule, alors je me suis formée. »
Au-delà des cours, Camille souligne l’importance de lire les textes des autres et de participer activement à des ateliers ou collectifs. Cela permet non seulement d’apprendre en observant, mais aussi de mieux identifier ses propres erreurs en aidant les autres :
« En lisant les textes des autres, on arrive à s’améliorer soi-même. »
Conseils pratiques pour les auteurs débutants
Camille conclut son entretien en donnant quelques conseils aux auteurs débutants. Le plus important pour elle est de savoir ce que l’on veut raconter. Elle conseille de se poser une question centrale qui guidera tout le récit, en évitant les réponses simplistes et manichéennes :
« Trouvez la zone grise que vous voulez explorer, ça sera la colonne vertébrale de votre récit. »
Elle insiste également sur la nécessité de supprimer toute scène qui ne sert pas le propos. Pour elle, chaque élément de l’histoire doit contribuer à l’arc narratif, et les scènes superflues doivent être éliminées, même si elles sont bien écrites.
Enfin, elle encourage les jeunes auteurs à ne pas sous-estimer l’importance du collectif et de la générosité. Offrir son aide aux autres, construire des relations de confiance, et participer activement à un réseau permet non seulement de progresser, mais aussi de se créer un environnement de soutien essentiel dans un domaine aussi exigeant que l’écriture.
Tableau récapitulatif : Les enseignements clés de Camille Couasse
Thème | Conseils de Camille Couasse |
Analyse des œuvres | Décortiquez des œuvres similaires pour comprendre leur structure et adapter ces éléments à votre propre histoire. |
Puissance émotionnelle | Les histoires permettent de se connecter émotionnellement aux autres ; elles nous montrent que nous ne sommes pas seuls dans nos souffrances. |
Inspiration des modèles | S’inspirer de modèles reconnus comme Shonda Rhimes et Alan Ball pour apprendre des meilleurs tout en développant sa propre voix. |
Travail collaboratif | Participer à des collectifs et échanger avec d’autres auteurs pour tirer parti des retours constructifs et des différentes perspectives. |
Étude des genres | Connaître les codes des genres et analyser les œuvres représentatives du genre que vous souhaitez écrire. |
Formation continue | Se former pour dépasser les limites de l’apprentissage en autodidacte. Les formations aident à mieux comprendre la structure et les techniques d’écriture. |
Question centrale | Définir une question centrale et explorer la zone grise. Cela donne une colonne vertébrale à l’histoire et aide à supprimer les éléments non pertinents. |
Générosité dans le réseau | Être généreux avec les autres auteurs en offrant son aide avant de demander un retour. Cela permet de construire un réseau solide et de progresser ensemble. |
Conclusion
L’interview de Camille Couasse est une mine d’or pour tout auteur en quête de perfectionnement. Avec des conseils pratiques et des réflexions profondes sur l’écriture, elle montre que l’apprentissage passe par l’observation, la formation, la collaboration, et surtout par une profonde introspection. En s’inspirant des autres tout en restant fidèle à sa propre vision, chaque auteur peut affiner son art et offrir au monde des histoires puissantes et authentiques.
Si, comme Camille Couasse, vous désirez vous former,nous vous recommandons les formations suivantes :