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« 50 ans pour être publié » : Ian Manook


Ian Manook, voyageur insatiable et auteur autodidacte, prouve que chaque parcours d’écrivain est unique. Entre voyages, manuscrits égarés et critiques, il détaille sa méthode “sans plan” qui l’a mené à un succès tardif.

À quel moment un auteur devient-il « publiable » ? Patrick Manoukian, alias Ian Manook, Paul Eyghar, ou encore Roy Braverman, a attendu près de cinquante ans avant de publier son premier roman (Yeruldelgger). Dans une interview exclusive pour Les Artisans de la Fiction, il revient sur ce parcours atypique, fait de voyages, d’écriture quotidienne, de manuscrits inachevés, et de moments clés qui l’ont mené à passer le cap de la publication à 65 ans.

« Là j’ai 70 ans, j’écris depuis l’âge de 15 ans. Je n’ai rien publié jusqu’à 65 ans. »


Écrire depuis l’adolescence… sans rien publier

Patrick Manoukian raconte qu’il s’est mis à écrire très jeune, composant romans, récits de voyages, ébauches de scénarios, sans jamais franchir la barrière de la publication. Qu’il voyage en Islande, au Brésil, au Belize ou aux États-Unis, il consigne toujours ses impressions et ses idées :

« Je n’avais jamais rien de terminé, ou je le mettais dans un tiroir, et puis je passais à un autre projet. »

Pour lui, l’important était de se nourrir de ses expériences de globe-trotteur, non de viser à tout prix la parution dans une maison d’édition.


Des voyages fondateurs… et un “déclic” tardif

Son parcours de vie est un long périple :

  • 18 ans : 40 000 km d’autostop à travers les États-Unis et le Canada.
  • Études : droit, sciences politiques, journalisme.
  • Nouveaux voyages : Islande, Belize, Brésil… avant un retour en France comme journaliste, puis créateur d’une agence d’édition (Manook).

Malgré un savoir-faire rédactionnel acquis en tant que journaliste et éditeur, il n’achève jamais de roman au format « publiable ». Il avoue avoir perdu des manuscrits ou les avoir abandonnés en cours de route.

« Le temps où je n’ai pas terminé des bouquins, je l’ai utilisé à terminer des voyages. Et ça c’est capital. »


Un style déjà présent : la narration sans plan

Selon lui, le style d’écriture n’a pas radicalement changé entre ses 15 ans et ses 65 ans. Il continue d’écrire « sans plan », laissant l’histoire se construire au fil des pages.

« Je ne suis pas comme ces auteurs qui préparent un plan ou des fiches de personnages. Mon écriture avance à l’émotion. »

Cette spontanéité, qui a donné naissance à des personnages marquants dans Yeruldelgger ou Mato Grosso, se traduit par la surprise que ressent l’auteur lui-même quand tel ou tel protagoniste surgit. Une méthode qu’il qualifie de « bordélique », mais qui lui convient parfaitement :

« Mes personnages n’existent pas trois lignes avant de paraître. On tombe littéralement amoureux d’un personnage, on s’y attache, on le développe. »

Un déclic à 65 ans : la publication de Yeruldelgger

C’est finalement Yeruldelgger, roman policier situé en Mongolie, qui marque son entrée fracassante dans le monde littéraire en 2013. Ce succès lui vaut le Prix SNCF du polar 2014 et plusieurs autres distinctions. Pourquoi cette fois-ci, et pas avant ? Il évoque une conjoncture plus favorable, la maturité acquise via ses voyages, sa longue pratique de l’écriture, et l’envie de mener enfin un projet à terme :

« Je ne sais pas si j’ai progressé. Je retrouve des textes écrits à 15 ans que je trouve encore bien foutus. Mais maintenant, je termine. »

Les bénéfices d’une publication tardive

Le fait de publier après 50 ans d’écriture a des avantages insoupçonnés :

  1. Accumuler de la matière : ses innombrables voyages ont nourri un imaginaire vaste et un sens du détail culturel.
  2. Savoir accueillir la critique : en travaillant avec une éditrice chez Albin Michel, il a compris l’importance de se confronter à des retours extérieurs.
  3. Avoir confiance en son style : après tant d’années à peaufiner des textes, il a trouvé une signature reconnaissable, un mélange de noir et de grand voyage.

Un conseil aux auteurs débutants

Patrick Manoukian insiste sur deux points fondamentaux :

« Toujours écrire, tous les jours, il ne faut pas avoir peur, prendre le temps… »

Même quelques lignes, une simple description, un souvenir, peuvent constituer une brique précieuse. Ensuite, accepter la critique. Être ouvert aux retours éditoriaux pour éviter de tourner en rond, rester humble et corriger ses “tics” stylistiques ou structurels.

Conclusion : l’écriture comme un parcours de longue haleine

Attendre 50 ans avant d’être publié n’est pas si rare. Pour Patrick Manoukian, ce délai fut l’occasion de se forger un vaste matériau littéraire, entre voyages, scénario de BD, journalisme, et écriture ininterrompue. Lorsqu’enfin il sort Yeruldelgger, c’est avec une voix déjà affirmée, un style forgé par la pratique et par ses multiples périples autour du globe.

« J’ai toujours écrit tous les jours, quel que soient les circonstances… Je peux écrire entre 10 lignes et 10 pages. »

Tel est, en définitive, l’enseignement de ce parcours hors norme : la publication n’est pas une fin en soi, mais la consécration d’une passion continue pour l’écriture, qui se nourrit de la vie, de la curiosité et du temps passé à écrire pour soi.

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