Entre écrire sans objectif ou viser un roman colossal un chemin médian existe : des buts accessibles, des petits défis, et une routine soutenable. Un conseil qui vaut aussi pour la science-fiction, la fantasy ou tout autre genre.
Il est tentant de se lancer dans l’océan de l’écriture sans but précis, porté par l’euphorie de la créativité ou d’entamer un projet gigantesque avec la volonté de produire « le grand roman » en quelques semaines. Or la réussite d’un projet d’écriture repose sur un équilibre délicat entre liberté et structure, impulsion et organisation. Dans cet article, nous allons explorer pourquoi travailler sans objectif peut être grisant mais stérile, et pourquoi des objectifs trop vastes peuvent écraser la motivation. Nous verrons ensuite comment mettre en place une routine accessible et progressive, appuyée par des exercices et des défis comme le concours Quais du Polar 2025 ou la fan fiction.
L’illusion d’écrire “comme ça vient”
On imagine volontiers l’écrivain en transe, jetant ses pensées sur la page sans contrainte. Cette approche peut certes être libératrice et produire des jets d’inspiration, mais elle aboutit souvent à un amoncellement de textes inaboutis. Comme le souligne John Truby dans L’Anatomie du Scénario, l’écriture — même la plus intuitive — se construit autour de points de repère :
Loin de brimer l’imagination, la planification modérée sert à canaliser l’énergie pour créer une trame narrative. Sans un certain balisage, on peut “planer” littérairement, mais la production finale reste floue, inachevée et irréparable.
Les objectifs trop ambitieux
À l’inverse, se dire “j’écrirai mon grand roman de 500 pages en deux mois” peut se révéler rapidement écrasant. Les nouvelles ambitions s’entrechoquent avec la réalité quotidienne (travail, vie de famille, fatigue), et l’objectif gigantesque devient un poids écrasant. Quand l’écart entre le but et la réalité est trop large, la démotivation guette :
De même, le désir d’écrire la nouvelle saga qui révolutionne la Fantasy peut sembler exaltant, mais sans une progression réaliste, il y a risque de frustration et d’abandon précoce.
Des objectifs accessibles
Pour éviter ces deux écueils, il faut trouver des objectifs à taille humaine, propres à renforcer la confiance et à structurer le travail. Quelques pistes :
- Participer à un concours de nouvelles
Par exemple, le concours Quais du Polar 2025. Cette démarche impose un cadre (un thème, une date butoir, une longueur). Elle procure un sentiment de défi et de progression réalisable : une nouvelle, ce n’est pas un roman de 300 pages. Le fait d’avoir une deadline encourage la discipline et la persévérance. - Réécrire “à la manière de”
Comme le rappelle Jonathan Coe l’imitation est un excellent levier d’apprentissage. Choisir un auteur que l’on admire, observer sa structure, sa façon de découper les scènes, de rythmer la narration, puis essayer de reproduire ce “souffle” dans une courte scène ou un chapitre. Cette technique oblige à assimiler des outils narratifs complexes, tout en ménageant la liberté de création. - Écrire la suite d’une histoire qu’on aime (fan fiction)
Contrairement aux idées reçues, la fan fiction constitue un moyen ludique d’apprendre à écrire. On hérite d’un univers, de personnages déjà riches, et l’on doit s’approprier des codes (du genre, des intrigues, des archétypes) pour prolonger la trame existante. En se glissant dans la structure d’un univers connu, on pratique la “suture narrative” chère à la science-fiction et à la fantasy.
Mettre en place une routine quotidienne
Une fois les objectifs définis, l’écrivain doit instaurer une discipline, parfois modeste mais régulière. Le but n’est pas de se lancer dans des sessions de 10 heures d’affilée, mais de trouver une cadence soutenable (30 minutes par jour, 1 heure, ou un certain nombre de mots) :
- Fixer un horaire : tôt le matin ou tard le soir, selon son rythme.
- Éliminer les distractions : se réserver un coin, un temps, et mettre son téléphone en silencieux.
- Apprécier la progression : consigner chaque jour le nombre de mots, de pages, ou la progression faite sur le plan.
John Truby insiste sur le fait que l’auteur doit “suivre l’évolution de ses idées” dans le temps. Chaque jour ou chaque semaine, relire son plan ou ses notes, ajuster en fonction des idées nouvelles ou des découvertes issues de l’écriture.
Tirer parti du “processus itératif”
Truby rappelle que l’écriture est un processus itératif : chaque session alimente le plan, chaque relecture affine l’objectif. Les objectifs à court terme (écrire un chapitre, finir une scène, poster un texte pour un concours de fan fiction) ancrent l’écrivain dans une dynamique de petites victoires.
Au bout du compte, le roman se construit comme une mosaïque, chaque pièce représentant une étape franchie.
Ainsi, on évite de flotter sans but ou de se noyer dans un projet trop immense.
Entre élan créatif et discipline quotidienne
Planifier et tenir une routine d’écriture, c’est l’art de naviguer entre deux extrêmes : la dérive euphorique et l’objectif écrasant. En s’appuyant sur des défis accessibles (un concours de nouvelles, un “à la manière de…” ou une fan fiction), l’auteur trouve un cadre stimulant. Il peut ainsi avancer pas à pas, tout en cultivant le plaisir de l’improvisation et de la découverte. L’écriture devient alors un mélange d’enthousiasme et d’organisation, garant de la création d’un texte abouti.
« Écrire, c’est se lancer chaque jour dans un voyage, mais un voyage où l’on sait quel port on veut atteindre. »
Si vous souhaitez vous former pour mettre en place une routine d’écriture, nous vous recommandons les formations suivantes :