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Faire ressentir des émotions au lecteur


L’émotion est-elle une simple ficelle manipulatrice ou l’essence même de la narration ? Certains défendent l’idée que l’histoire prime sur le ressenti, tandis que d’autres estiment qu’une histoire sans émotion est vide de sens. Dans un monde où la littérature et le cinéma cherchent constamment à captiver leur audience, nous nous interrogeons sur l’importance réelle de l’émotion dans la narration.



Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce que nous aimons dans une histoire, plus que son thème, c’est l’émotion qu’elle nous ait ressentir. L’émotion est l’âme de toute narration. Une histoire qui résonne avec son public est une histoire qui suscite une réaction émotionnelle profonde. Que ce soit la peur, la tristesse, la joie ou l’espoir, l’émotion permet aux lecteurs de s’immerger dans un récit et de le vivre intensément. L’émotion naît de la relation entre le lecteur et les personnages, de l’authenticité des situations et de la puissance du conflit narratif.
Voyons ensemble quels sont les mécanismes qui permettent aux artisans que sont les raconteurs et raconteuses d’histoires de créer des histoires émotionnellement puissantes !

1. Construire des personnages qui éveillent l’empathie

L’émotion dans une histoire repose avant tout sur la profondeur des personnages. Comme l’explique John Truby dans L’anatomie du scénario / The Anatomy of Story, un personnage complexe possède des désirs, des failles et un arc évolutif qui maintiennent l’attention du lecteur.

Dans Conte de Fée / Fairy Tale de Stephen King (2023), le protagoniste exprime une peur viscérale lorsqu’il traverse le couloir obscur menant à un autre monde. Sa peur est tempérée par son excitation, créant une dualité qui résonne avec le lecteur :

« Ma peur avait été remplacée – masquée, du moins – par l’excitation. Si M. Bowditch avait dit vrai, un autre monde m’attendait droit devant. »

Cette oscillation entre la peur et l’excitation rend le personnage plus humain et favorise l’identification du lecteur.

2. Exploiter le conflit et les dilemmes moraux

Le conflit intérieur est le moteur de l’émotion. John Truby affirme que sans conflit, il n’y a pas d’histoire.

Dans Un fils de Guy de Maupassant (1882), le protagoniste est confronté à un dilemme moral insoutenable lorsqu’il soupçonne avoir engendré un fils abandonné, condamné à une vie de misère :

« Et je me dis que j’ai tué la mère et perdu cet être atrophié, larve d’écurie, éclose et poussée dans le fumier, cet homme qui, élevé comme d’autres, aurait été pareil aux autres. » La culpabilité du personnage et son impuissance face à son passé créent une résonance universelle, capable de toucher chaque lecteur.

 

3. Susciter l’immersion par des descriptions sensorielles

Une narration immersive passe par des descriptions qui stimulent les sens. James Scott Bell, dans Plot and Structure (non traduit), insiste sur l’importance de « montrer » plutôt que « raconter » pour que le lecteur ressente pleinement l’émotion.

Dans Conte de Fée/Fairy Tale, Stephen King utilise des images fortes pour plonger le lecteur dans l’univers de son héros :

« Le champ d’un rouge écarlate. Les coquelicots tissaient une magnifique couverture qui s’étendait à droite et à gauche, aussi loin que portait mon regard. » Cette description poétique crée un contraste entre la beauté du paysage et l’inquiétude latente du personnage, renforçant ainsi l’impact émotionnel.

 

4. Gérer l’émotion par la maîtrise du point de vue

La clé d’une histoire est qui raconte, c’est à dire le point de vue que choisira l’auteur. En fonction du choix du narrateur, l’émotion que fera ressentir votre roman où votre nouvelle ne sera pas le même. Le choix du point de vue : narrateur au « je », narrateur au « je périphérique », 3ème personne focalisée, 3ème personne multiple, narrateur omniscient impactera la voix de votre narrateur, c’est à dire le style du récit.

5. Structurer l’émotion avec la progression dramatique

Un bon récit suit une trajectoire émotionnelle précise. L’émotion doit être dosée et monter en intensité vers un climax. John Truby recommande une « spirale émotionnelle », où chaque étape de l’histoire approfondit les conflits internes des personnages.

Dans Un fils, Maupassant construit l’émotion progressivement, d’une réflexion cynique sur la paternité vers une angoisse existentielle grandissante, jusqu’’à la révélation finale qui laisse le personnage dans un tourment irrésolu.

L’émotion est le fondement d’une narration réussie. En créant des personnages authentiques, en exploitant des conflits profonds, en utilisant des descriptions sensorielles immersives et en structurant l’émotion de manière progressive, l’écrivain peut toucher son lecteur en plein cœur. Les maîtres du récit, de Stephen King à Maupassant, nous rappellent que la narration n’est pas seulement une affaire de mots, mais avant tout une affaire d’âme.

 

Si vous désirez que vos histoires fassent ressentir de l’émotion à vos lecteurs, nous vous recommandons nos formations suivantes :

 


 

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