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Écrire sans construire d’intrigue : Peter Farris


 Faut-il absolument bâtir un scénario avant d’écrire ? Peter Farris répond par la négative : il préfère l’improvisation et la découverte in vivo. Loin d’être le chaos, cette absence d’intrigue peut stimuler la surprise et la spontanéité du récit.

De nombreux auteurs insistent sur l’importance de l’intrigue comme colonne vertébrale du roman. Mais Peter Farris — auteur de Dernier appel pour les vivants et musicien — propose une démarche à contre-courant : ne pas construire d’intrigue au préalable, se laisser surprendre par ses propres personnages et situations. Dans une interview exclusive pour Les Artisans de la Fiction, il revient sur son mantra :

« Je ne construis pas du tout l’intrigue. […] J’ai toujours un principe directeur : si je ne suis pas surpris par le livre, alors le lecteur ne le sera pas non plus. »

Dans cet article, nous verrons pourquoi Farris choisit cette méthode, comment il gère la surprise et la cohérence de son récit, et quels enseignements il tire de son parcours personnel (entre musique et braquages de banque). Il peut se le permettre! Ayant introjecté des milliers de formes littéraires dans son enfance, il porte un multitude de structures narratives en lui et peut jouer à improviser parce qu’il les maîtrise, tout comme un joueur de jazz connaît la musique! 

Un refus assumé du plan

Peter Farris admet travailler sans “scénario” ni plan défini. Il préfère partir de scènes ou de personnages, puis laisser l’histoire se développer “d’elle-même” :

« Je ne construis pas l’intrigue, ce qui peut être galère… mais je me suis toujours tenu à l’idée qu’il faut d’abord me surprendre moi-même. »

Ainsi, dès le départ, il ne fixe pas de structure globale, pas de chapitres prédéfinis ou de “synopsis” exhaustif. Cette liberté, qui peut sembler risquée, est pour lui une source d’énergie créatrice : la narration avance en révélant peu à peu ses directions, et l’auteur découvre des pistes qu’il n’aurait pas prévues.

Créer la surprise et l’authenticité

L’idée du “pas d’intrigue” repose sur l’effet de surprise qu’il veut ressentir lui-même. Dans la conception de Farris, si l’auteur sait déjà tout, l’écriture risque de devenir une exécution mécanique. En se laissant surprendre par les personnages, il découvre au fur et à mesure leurs réactions, leurs choix, et le récit prend un tour plus authentique.

« Je construis des scènes et des personnages, j’espère qu’ils prennent vie, qu’ils se mettent à parler et à bouger d’eux-mêmes. […] C’est là que surgissent les surprises. »

Un “mantra” qui implique de la flexibilité

Cette absence de plan implique toutefois une flexibilité constante. Farris reconnait que c’est “une galère” : certaines scènes ne fonctionnent pas, certains personnages se révèlent peu pertinents. Au lieu de forcer les événements, il se “laisse guider par l’incertitude”, ce qui entraîne parfois des réécritures ou l’abandon de certaines pistes.

« Je cherche toujours à suivre l’incertitude et à construire mes romans autour de ce principe. »

Pour beaucoup d’écrivains, cette méthode peut conduire à des impasses. Mais Farris y voit un stimulant : le fait de ne pas savoir où l’on va peut décupler la créativité.

Les personnages comme pivot

L’absence de plan n’empêche pas l’auteur de travailler les personnages de manière approfondie. Farris dit puiser dans la “vraie vie” : personnes croisées, figures publiques (il cite Donald Trump comme modèle pour un antagoniste), etc. Il bâtit alors un casting solide, dont chaque membre possède une identité forte, pour que leurs interactions génèrent naturellement des rebondissements :

« Je pioche ici et là, et j’essaie juste de faire en sorte que [les personnages] soient crédibles et paraissent réels au lecteur. »

Les personnages deviennent l’axe sur lequel l’intrigue se greffe, en se révélant petit à petit, plutôt qu’un canevas imposé à leurs dépens.

La cohérence naît du regard éditorial

Interrogé sur la question de la cohérence — “comment éviter que l’histoire ne parte dans tous les sens ?” — Peter Farris souligne l’importance des éditeurs et de la relecture. Dans ses débuts, il fut guichetier, a vécu un braquage, puis s’est lancé dans la musique ; des parcours qui l’ont conduit à apprendre par lui-même. Mais le regard extérieur (d’éditeurs ou de lecteurs avertis) aide à repérer d’éventuelles incohérences dans ce mode d’écriture sans intrigue.

De plus, Farris souligne que la réécriture demeure essentielle : si un personnage devient soudain incohérent, ou si un rebondissement tombe à plat, on peut réajuster en cours de route.

Apprendre à écrire “sans intrigue”

Farris encourage les aspirants écrivains à lire tous azimuts — polar, SF, poésie — pour multiplier les influences et donner de l’originalité à leur propre style. Sa démarche “sans plan” ne signifie pas “sans méthode” : il privilégie l’accumulation d’impressions, de scènes, d’idées issues de ses expériences (braquage, groupe rock, etc.), tout en se fiant à son intuition pour orchestrer le récit :

« Lisez autant que vous le pouvez. Si vous voulez écrire des romans policiers, lisez aussi de la fantasy… Votre travail sera plus original si vous êtes éclectique. »

Loin d’être un frein, cette ouverture nourrit la souplesse nécessaire pour construire un roman sans trame prédéfinie.

Un élan créatif guidé par la surprise

Peter Farris prouve qu’écrire sans construire d’intrigue n’est pas un synonyme de chaos total. Sa conviction est qu’une histoire se découvre en la composant, et que l’écrivain doit surprendre d’abord lui-même pour surprendre ensuite le lecteur. Les personnages, inspirés du réel, deviennent la force motrice du récit, alimentant la dynamique narrative. Certes, cette méthode exige une grande capacité à réécrire et à se remettre en question. Mais, pour Farris, l’absence de plan évite le piège d’une exécution trop mécanique de l’histoire. En fin de compte, c’est le “mantra” qui guide toute sa démarche : si l’auteur ne ressent pas l’inattendu, pourquoi le lecteur s’émerveillerait-il ?

« Je ne construis pas du tout l’intrigue. Je me dis : si je ne suis pas surpris, le lecteur ne le sera pas non plus. »

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