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Fiers de nos élèves : Christine Flandre


 Le mythe du “génie littéraire” inné n’a plus lieu d’être : face aux défis de l’écriture, la méthode et l’apprentissage l’emportent sur le “talent”. Qui osera contester qu’un roman se construit comme un immeuble, une brique de narration à la fois sur de solides fondations théoriques ? Christine Flandre, retraitée devenue romancière, met à mal l’illusion romantique en nous démontrant qu’il faut surtout… aimer apprendre. 

Depuis les années 1980, l’écriture de fiction suscite en France un intérêt croissant chez des publics variés, dont des auteurs débutants ou tardifs qui embrassent la retraite comme opportunité de création. Dans cette perspective, l’exemple de Christine Flandre, ancienne professionnelle du marketing international devenue apprentie-écrivaine après soixante-cinq ans, illustre comment la méthodologie et le travail assidu peuvent structurer et stimuler un parcours de romancière naissante.

Le témoignage de Christine Flandre, recueilli lors d’une interview exclusive pour Les Artisans de la Fiction, met en évidence l’importance d’une approche méthodique, voire « ingénieuriale », de l’écriture. Elle évoque notamment l’usage de grilles Excel pour organiser ses intrigues et l’importance de la formation à la technique narrative, tout en insistant sur la nécessité de beaucoup travailler pour progresser.

1. Contexte : Quand la retraite devient un tremplin créatif

L’idée de se consacrer à l’écriture au moment de la retraite n’est pas nouvelle : on pense aux nombreux auteurs qui se sont réellement lancés après avoir quitté un emploi prenant. Pour Christine, c’est en « 2019, après une carrière dans les technologies de la santé » qu’elle amorce son parcours. Les auteurs tardifs se heurtent souvent à la peur du manque de temps et à l’idée préconçue que l’écriture dépend surtout d’un talent inné.

« La deuxième année de retraite, je me suis dit : ce n’est pas possible, je ne peux pas continuer comme ça ! » (Christine Flandre)

Elle choisit alors sciemment de se former, avec la conviction – proche de ce que propose James Scott Bell dans ses ouvrages de creative writing – que tout art, y compris l’écriture, s’apprend méthodiquement.

2. L’Importance de la formation : « Écrire, ça s’apprend »

Habituellement, l’écriture française contemporaine a longtemps laissé croire que la technique pouvait étouffer l’inspiration. Les témoignages collectés dans Premier roman mode d’emploi (Laure Pécher) ou encore L’anatomie du scénario (John Truby) suggèrent au contraire que la formation fournit des principes structurants, évitant la dispersion.

Dans le cas de Christine, un déclic se produit : pour écrire un roman, on doit imaginer que « c’est comme construire un immeuble de 30 étages : sans connaissances d’architecture, il s’écroule. »

« L’écriture, comme le piano ou le violon, ça s’apprend. J’ai fait 4 stages initiaux aux Artisans de la Fiction… La créativité vient d’autant plus facilement qu’on a des bases solides. » 

Une fois les fondations acquises, la liberté créative ne diminue pas. Au contraire, elle s’épanouit.

3. La méthode et la discipline : la double clé de l’écriture

Autant la formation apporte une architecture narrative, autant la discipline quotidienne assure le progrès. Pour Christine, chaque projet est minutieusement décomposé :

  1. Préparation : Documenter l’univers narratif. Elle lit, prend des notes, élabore des personnages dotés d’une « vie propre ».
  2. Écriture d’un premier jet : Sans contrainte, pendant plusieurs mois, en se concentrant sur le flux créatif.
  3. Réécriture : Entre six et huit mois de polissage, en trois ou quatre étapes successives (suppression du superflu, cohérence de l’intrigue, travail du style, vérification orthographique et syntaxique).

« Je construis beaucoup. Je fais une préparation de quatre à six mois. Puis le premier jet pendant six mois. Ensuite, la réécriture peut durer un an. Je fais entre quatre et cinq passages successifs. »

Le modèle décrit rappelle la rigueur anglo-saxonne : planification, exécution, vérification. Et loin de brider l’élan, cette méthodologie offre la confiance nécessaire pour expérimenter.

4. Les outils : grilles Excel et bêta-lecteurs

Au-delà des « fiches personnages » ou « tableaux de scènes », Christine s’appuie notamment sur Excel pour juxtaposer les arcs narratifs : protagoniste, antagoniste, personnages secondaires. Cette approche de tableau croisé lui permet de mesurer la distribution des scènes et de vérifier la présence des personnages clés à chaque chapitre.

Ensuite, viennent l’échange et la confrontation : collègues, amis ou bêta-lecteurs externes. Un retour critique, même partiel, peut révéler des incohérences insoupçonnées.

« Parfois, je partage avec des amis aux profils variés… c’est toujours important de rester ouverte aux critiques avant l’envoi à l’éditeur. »

Là encore, une démarche systématique, presque « qualité » : la vision d’écrire n’est pas solitaire, mais collaborative à travers des lectures-test.

5. Le travail sans relâche et le défi de l’édition

L’aboutissement n’est pas instantané. Christine rappelle avoir envoyé son premier manuscrit à plus de quarante maisons d’édition avant de trouver un petit éditeur indépendant. Pour d’autres, cette multiplication des refus est décourageante. Mais elle prouve que la persévérance et le niveau d’exigence se rejoignent :

« J’ai envoyé 42 manuscrits. Sur la plupart, je n’ai pas eu de réponses. J’ai fini par trouver un éditeur qui croyait en mon histoire. » 

Quiconque envisage l’écriture de roman doit donc prévoir d’investir des heures (voire plusieurs années) sans garantie de publication immédiate.

6. Conclusion : méthode, apprentissage, persévérance

L’exemple de Christine Flandre illustre parfaitement l’idée selon laquelle l’écriture, loin d’être un simple élan d’inspiration, s’avère un processus structuré :

  • Formation : apprendre, décortiquer, observer.
  • Approche méthodique : usage de grilles, planification, relectures successives.
  • Pratique quotidienne : plusieurs heures, plusieurs jours par semaine.
  • Rewriting : phases de révision multiples, allant du macro (structure) au micro (style).
  • Persévérance : acceptation des refus, critiques, retours.

Comme le résume la philosophe du creative writing, l’écriture est un sport d’endurance et l’imagination, un muscle. Les auteurs tardifs en sont la preuve vive : l’excellence ne dépend ni de l’âge ni de l’inné, mais d’une volonté acharnée et d’une méthodologie solide. Ainsi, tout un chacun, même à 69 ans, peut bâtir un « immeuble de 30 étages » littéraire—pour peu que la passion rejoigne la rigueur.

Vous désirez apprendre à écrire méthodiquement ? Nous vous recommandons nos formations suivantes : 

 


 

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