On nous vend l’image de l’écrivain comme d’un être fulgurant, échevelé, guidé par les muses et nourri au café froid et aux névroses. Mais si écrire un roman était en fait… un artisanat ? Si les “blocages” venaient moins d’un manque de talent que d’un manque d’outils ? Et si on arrêtait de dire aux auteurs débutants “sois toi-même” et qu’on leur apprenait plutôt à construire une scène qui tienne debout ?

1. Le mythe de l’inspiration : l’excuse des fainéants
On va être clair : l’inspiration, c’est une belle connerie.
Dans « Plot and Structure » (Intrigue et Structure, non traduit), James Scott Bell parle du « Grand Mensonge » : l’idée selon laquelle on naît écrivain comme on naît doué pour le violon ou le sudoku. Résultat : des années perdues à attendre que les mots tombent du ciel. Newsflash : ils ne tomberont pas. Sauf si vous les allez chercher avec une pelle, une pioche et une boîte à outils narrative.
« J’ai gaspillé dix ans à croire que l’écriture ne s’apprenait pas. »
Et devinez quoi ? Ce que Bell a compris, c’est que l’écriture, c’est comme le tennis ou la batterie : ça s’apprend, ça se pratique, et ça pique au début.
« La différence principale entre les auteurs qui réussissent et ceux qui échouent, c’est la persistance. »
Pas le génie. Pas le carnet en cuir. La persistance.
2. Une discipline exigeante : non, l’impro ne suffit pas
John Truby, lui, tire au bazooka sur la fameuse structure en trois actes. Trop simpliste, trop théorique, trop… scolaire. Ce qu’il propose à la place ? Une vision organique de l’histoire. Oui, organique. Comme un corps vivant. Pas une machine à rebondissements prémâchés.
« L’histoire est un organisme. Le code dramatique est une métaphore de la croissance humaine. »
Traduction : vous n’écrivez pas un plan marketing, vous fabriquez un monstre narratif avec des désirs, des contradictions, des points de rupture. Et ça, ça demande autre chose qu’une “belle plume” ou un verbe poétique.
McKee enfonce le clou avec élégance :
« Le public ne cherche pas à fuir la réalité. Il cherche à en comprendre le sens. »
Moralité : si vous ne maîtrisez pas les principes, vos jolies phrases ne serviront qu’à endormir le lecteur.
3. L’écriture est un artisanat : prenez votre marteau
Dwight Swain, lui, ne fait pas de théorie. Il vous parle comme à un apprenti : voilà comment on fabrique une scène. Une vraie. Avec une motivation, une réaction, un conflit et une séquelle. Un peu comme un ébéniste vous apprendrait à tailler un tenon-mortaise.
« Une histoire, c’est une expérience traduite en processus littéraire. »
L’idée que vous pouvez “trouver votre voix” en vous regardant écrire n’importe comment pendant dix ans ? Foutaises. Vous devez d’abord apprendre à écrire.
Et ça passe par quoi ? Par se planter. Par réécrire. Par écrire de la merde pendant un moment, puis un peu moins de merde, puis peut-être un jour… quelque chose de pas trop mal. Ce n’est pas humiliant, c’est normal. C’est comme ça qu’on devient bon.
4. Premier jet moche, deuxième jet propre
Si vous attendez d’écrire une œuvre géniale d’un seul coup, autant changer de métier et ouvrir une boutique de bougies. C’est McKee et Bell qui le disent, et on ferait bien de les écouter.
« Commencez par l’écrire. Ensuite, vous le rendrez bon. » — Bell
Le perfectionnisme tue plus de romans que le manque d’idées. La vérité, c’est que vous n’êtes pas censé écrire bien du premier coup. Vous êtes censé écrire tout court. Ensuite, vous aurez quelque chose à améliorer. Sinon, vous avez juste un fantasme.
Truby appelle ça la “connaissance émotionnelle” : transmettre une expérience intérieure, pas juste aligner de belles phrases. Ça ne vient pas tout seul. Ça vient en forgeant.
Conclusion : non, l’écriture n’est pas difficile parce que vous êtes nul. Elle est difficile parce que vous ne la traitez pas comme un artisanat
Vous ne rateriez pas un meuble en disant “je suis un mauvais menuisier né”. Non. Vous apprendriez à poncer, à ajuster, à découper. Pourquoi l’écriture devrait-elle être différente ?
Donc oui, l’écriture est difficile. Pas parce qu’elle est réservée à une élite, mais parce qu’on la pratique trop souvent sans en apprendre les bases. C’est comme jouer à la guitare sans connaître trois accords. Vous pouvez le faire, mais ça fera mal aux oreilles.
Alors arrêtez d’attendre l’inspiration. Prenez vos outils. Travaillez votre bois. Écrivez. Et recommencez.
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