Une des peurs les plus courantes de l’apprenti-écrivain, c’est le cliché. Créer un personnage cliché, une situation cliché, une histoire cliché, un dialogue cliché… Il s’imagine qu’en tant qu’auteur, il doit avant tout être original. La crainte est légitime, mais la peur du cliché cache surtout une mauvaise compréhension de ce qu’est le travail d’un écrivain !
Les Archétypes dans les histoires
Comme nous l’avons vu dans cet article, et cet article, depuis l’Antiquité, les histoires se répètent sans cesse, que ce soit au niveau de leur structure ou des thèmes qu’elles abordent.
Les histoires répondent à des structures archétypales et mettent en scènes des réseaux de personnages archétypaux afin de répondre au besoin profond de l’humanité : accéder à des histoires qui permettent de divertir tout en apportant des réponses aux grandes questions de la vie.
Est-ce une mauvaise nouvelle ? Sommes-nous condamnés à nous répéter à jamais ? À sans cesse écouter les vieilles rengaines ? Pas du tout ! Les musiciens, par exemple, ne se plaignent pas du fait que tous les pianos se ressemblent, ni qu’on y joue toujours des études de Bach trois siècles après leur composition… car chaque musicien apporte au piano son toucher, et à l’étude son interprétation. De même, chaque auteur re-raconte une histoire à sa manière. La structure d’une histoire est un patrimoine commun que toute personne connait instinctivement : par exemple, lorsqu’une histoire n’a pas de fin, on sent instinctivement que quelque chose manque !
Un archétype n’aide pas à construire une histoire… il s’y trouve déjà !
Pour expliquer ce qui pourrait sembler paradoxal à certains ou certaines, on peut faire confiance en la pédagogie de l’autrice de fantasy, KM Weiland :
« De nombreux écrivains peuvent témoigner de l’expérience de la « découverte » d’une histoire : à l’instar de Stephen King qui a décrit ce processus, nous ne créons pas tant nos histoires que nous les découvrons. C’est comme si ces os avaient toujours été là, et que tout ce que nous avions à faire était de trouver comment les déterrer.(…)
Lorsque les écrivains commencent à se familiariser avec la structure archétypale des histoires, ils sont souvent étonnés (comme je l’ai été) d’examiner leurs propres histoires et de découvrir que ces archétypes dont ils n’avaient jamais entendu parler auparavant y sont bien présents – ou qu’ils attendent d’être dégagés, déterrés, afin que les histoires sonnent plus justes et plus clairement.
Comment se fait-il que tous les écrivains, même les moins instruits, convergent vers ces archétypes ? Peut-être parce que ces schémas sont partout et que nous les absorbons sans nous en rendre compte. Peut-être, comme le disent les psychologues, parce que ces archétypes résident dans un inconscient collectif. Ou peut-être est-ce simplement parce qu’en tant qu’êtres humains, nous sommes en résonance avec les modèles de notre existence et comprenons instinctivement comment les recréer dans notre art.
Quoi qu’il en soit, les histoires et les personnages archétypaux peuplent les mythologies de l’expérience humaine depuis toujours. Comme le dit Willa Cather dans l’une de mes citations préférées :
« Il n’y a que deux ou trois histoires, et elles se répètent férocement encore et encore, comme si elles n’avaient jamais été racontées. » »
Les histoires archétypales sont donc un langage que l’auteur doit (re)découvrir afin de mieux s’adresser à son lecteur, et l’immerger dans une histoire puissante. Et il est nécessaire de bien connaitre les fonctions archétypales des histoires, de leurs, thèmes, de leurs structures et de leurs personnages, pour pouvoir les utiliser au service de son imaginaire, et surtout les utiliser dans toutes leurs puissances suggestives et la complexité de leur structure, afin d’obtenir une histoire riche, puissante et qui touche le lecteur.
Le cliché littéraire n’existe pas ? Bien sûr que si !
Ainsi, il ne faut pas s’inquiéter de l’originalité de son histoire car le problème du cliché n’a jamais rien eu à voir avec l’originalité. Comprenez-nous bien : un cliché est très dommageable pour une histoire. Un personnage cliché – ou un dialogue cliché-, n’est pas crédible. Dans le meilleur des cas il est agaçant, dans le pire il est insultant.
Alors comment l’éviter ? En général, il s’agit de reprendre l’élément cliché et de le retravailler.
Par exemple, une histoire cliché, c’est une histoire archétypale qu’on a vidé de la complexité de sa structure et de son propos.
Un personnage cliché, c’est un personnage unidimensionnel à qui il faut rajouter des caractéristiques et ancrer dans une matrice psychologique.
Un dialogue cliché, c’est un dialogue qui reprend des phrases toutes faites et qui ne sont pas adaptées à la spécificité du personnage qui les prononce ou à la singularité de la situation dans laquelle il se trouve.
Pour résumer, un archétype vous aide à mieux construire une histoire et un personnage et à mieux toucher votre lecteur. Un cliché est une histoire mal travaillée, écrite à la va-vite, qui n’apporte rien voire agresse son lecteur.
D’où l’importance de lire et d’étudier les histoires qu’on aime avant et pendant qu’on écrit !
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