Devenir écrivain professionnel est le rêve de nombreux apprentis, malheureusement un grand flou entoure ce métier. Le 5 octobre 2021, nous avons reçu Laurent Bonzon, directeur de l’agence interprofessionnelle du livre “Auvergne-Rhône Alpes – Livre et lecture”, pour parler de la situation économique et sociale des auteurs.
Qu’est-ce que l’ARALL ?
L’agence régionale ARALL a pour mission de suivre et de soutenir la création régionale du livre ainsi que d’informer et d’accompagner les auteurs sur leur statut.
Trop peu d’auteurs ou d’apprentis auteurs connaissent l’existence de l’ARALL et des journées d’informations sur le contenu d’un contrat d’édition. Un véritable flou entoure le métier d’écrivain, en particulier les sources de revenus des auteurs jeunesse ou des auteurs de littérature générale. En résulte une vision souvent erronée de la vie des romanciers et des romancières.
Laurent Bonzon prend le temps d’exposer de manière détaillée et mesurée, la réalité sociale et économique du « métier » d’auteur. Son expérience permettant ainsi aux aspirants auteurs de s’en faire une idée moins fantasmagorique.
Quel est le statut social et économique d’un artiste-auteur ? Que touche un auteur sur son livre ? Quelle est la différence entre un droit d’auteur et un à-valoir ? Est-il possible de gagner sa vie grâce à ses livres et par le biais de quelles activités annexes ?
Devenir un auteur professionnel
Si on souhaite être un auteur professionnel, c’est-à-dire un auteur dont les revenus principaux proviennent de son activité d’écriture, Laurent Bonzon remarque :
« Très principalement les auteurs vivent de leurs revenus annexes et non pas du revenu de leurs œuvres. Parce que les tirages baissent et la production augmente (…) alors que la consommation, elle, n’augmente pas. »
Par là, il fait référence à toutes les activités « hors écriture » qu’un auteur peut réaliser autour de son métier d’écrivain. Il s’agit par exemple des interventions en milieu scolaire, d’une participation à des festivals ou de la tenue d’ateliers d’écriture…
« Les auteurs professionnels, pour la plupart, accompagnent la sortie de leurs oeuvres par une présence physique dans des lieux du livre ou dans des lieux de médiations.(…) (Ils doivent être) très présents dans un circuit qui inclut les festivals, les salons, les fêtes de livre, les libraires, les bibliothèques, parfois les théâtres ».
En effet, le métier d’auteur a évolué depuis trente ans, parallèlement aux fluctuations du marché de l’édition et du livre :
« Le marché se fait de plus en plus sur un petit nombre de titres qui a tendance à diminuer. Le reste régresse en termes de ventes. Des auteurs qui étaient il y a dix ou quinze ans entre 10 000 et 20 000 exemplaires vendus sont aujourd’hui à moins de 10 000 exemplaires. C’est une tendance qu’on observe (…). Les achats du public se répartissent de manière moins diverse qu’auparavant. ».
« On est à plus de 70 000 nouveautés par an en librairie. Pas uniquement en littérature, tous livres confondus (…) ça fait un nombre de livres très important, impossible à absorber. »
« Les auteurs professionnels doivent entreprendre autour de leurs créations tout un aspect de diffusion (…). »
De plus en plus d’écrivains !
Au cours de notre entretien, Laurent Bonzon évoque également l’impact récent des divers confinements sur la saturation du marché : « La librairie ayant fermé deux mois, on s’est mis à reporter la sortie de milliers de nouveautés (…). Il y a eu une grosse interrogation sur la production qui est pléthorique, en littérature comme ailleurs. » Mais cette prise de conscience de la surproduction n’a pas survécu à la reprise de l’économie : « À l’automne 2020, les grands groupes ont non seulement publié massivement des livres. Mais en plus ont publié massivement des best-sellers, des long-sellers, des big-sellers, donc des livres faciles à vendre. Ces livres ont englouti le marché, englouti certains petits éditeurs. »
Quarante minutes d’une analyse réaliste et passionnante à écouter avec attention. Pour tous celles et ceux qui souhaitent mettre un pied dans le monde de la fiction éditée, sans oeillères et sans fantasmes !