Formée aux techniques de narration auprès de Lionel Tran, co-fondateur des Artisans de la Fiction, Louise Valmont est auteure chez les Editions Addictives (spécialisées dans les séries de romance pétillantes sur le modèle des séries TV). Elle a déjà publié trois séries complètes : Play with me, Toi et Moi, c’est compliqué, et Mine again. Louise Valmont répond de manière extrêmement détaillée aux questions des Artisans de la Fiction et aborde avec nous les techniques d’écriture exigeantes de ce genre très spécial qu’est la romance…
Les Artisans de la Fiction : Avez-vous toujours écrit de la romance ? Comment êtes-vous passé à ce genre particulier ?
J’ai changé d’approche, je me suis dit que j’avais beau avoir la plume facile, j’avais besoin de me former avec des pros des techniques narratives
Louise Valmont : En réalité, la romance, j’y suis arrivée par hasard, rencontres, péripéties, questionnements, doutes et remises en question mais avec un beau happy end ! J’avoue qu’au départ, ce n’était pas un genre que j’avais envisagé d’écrire.
Pour résumer mon parcours d’écriture, on pourrait dire que j’écris depuis toujours : enfant, j’écrivais des histoires dont la chute était souvent dramatique et très prévisible… Vers 20 ans j’ai terminé un premier roman, lu par deux lecteurs, membres de la famille qui n’en ont pas gardé un souvenir impérissable et qui a fini dans un tiroir (j’ai même perdu la fin), ensuite j’ai écrit et illustré des livres pour enfants (avec pour uniques lecteurs, les miens) ensuite pendant longtemps, j’ai écrit sous forme anarchique, par petits bouts, avec des interruptions parfois pendant des années entre journal intime et autofiction, ce qui m’a sans doute servi de thérapie 🙂
Ce qui m’a tout de suite plu, c’est de raconter une vraie histoire avec des péripéties, des actions, parfois du suspense et de l’écrire en ayant à l’esprit le plaisir du lecteur
Puis j’ai écrit un court roman dans le cadre d’un concours organisé par un magazine féminin (je n’ai pas gagné), j’ai réitéré avec un polar puis des nouvelles envoyées elles aussi à des concours, et comme je n’étais toujours pas sélectionnée (honnêtement, ce que j’envoyais était très mauvais), j’ai changé d’approche, je me suis dit que j’avais beau avoir la plume facile, j’avais besoin de me former avec des pros des techniques narratives. Ce que j’ai fait pendant un an.
Après ça, j’ai continué à écrire puis ai renouvelé mes tentatives auprès d’éditeurs avec deux envois de romans un peu plus construits. Mais j’étais encore trop loin des frontières que tracent les lignes éditoriales… Alors, comme je suis du genre têtue quand je tiens à quelque chose, j’ai décidé d’essayer de publier des chroniques de livres et de spectacles sur différents webzines, ce qui a marché. J’y ai pris goût.
Puis, petit à petit, en explorant les caractéristiques des genres et en faisant des bouts d’essai, je suis allée vers la romance et depuis, j’y suis restée. Et j’adore ça. Ce qui m’a tout de suite plu, c’est de raconter une vraie histoire avec des péripéties, des actions, parfois du suspense et de l’écrire en ayant à l’esprit le plaisir du lecteur (souvent de la lectrice car c’est un genre plébiscité par les femmes).
Comment avez-vous appris à écrire de la romance ? En termes de construction, des différents codes du genre, d’écriture, etc. ?
Je ne peux pas dire que j’ai appris de telle ou telle façon mais je peux affirmer que j’ai beaucoup travaillé et que je continue à suer sang et eau pour chaque nouveau roman ! Le premier essai de romance que j’ai fait c’était pour un concours (décidément on dirait que les concours ratés ont été décisifs dans mon parcours) mais je crois que j’ai dû effrayer dès les premières lignes car ça se passait dans un univers pas du tout glamour. Ce qui en soi pourrait ne pas être un problème, mais le problème majeur était que je ne savais pas vraiment ce qu’était la romance.
Si code impératif il y a, c’est que tout se termine bien pour les protagonistes. Mais avant cela, ils vont rencontrer un tas de difficultés d’ordre personnel ou extérieur (ennemis et embuches diverses), ce qui va leur permettre d’affermir leur amour et de mener ensemble ce combat contre l’adversité.
Aujourd’hui je dirais que c’est un genre dit mineur, parfois décrié voire un peu gaussé, mais qu’en gros c’est un roman sentimental dont le cœur est une histoire d’amour qui fait rêver. Si code impératif il y a, c’est que tout se termine bien pour les protagonistes. Mais avant cela, ils vont rencontrer un tas de difficultés d’ordre personnel ou extérieur (ennemis et embuches diverses), ce qui va leur permettre d’affermir leur amour et de mener ensemble ce combat contre l’adversité.
Lisez-vous beaucoup de romances ? Y-a-t-il des auteurs de romances qui ont été des modèles pour vous ?
Finalement, je n’en lis pas tant que ça. J’en ai lu quelques-unes avant de commencer à en écrire, j’en lis encore de temps à autre, mais en fait, j’ai presque peur qu’elles m’influencent trop. Alors je préfère lire de tout comme je l’ai toujours fait, des romans français ou étrangers, classiques, psychologiques historiques, policiers, d’aventures, des mémoires, bref un peu de tout et en bonne quantité. Il me semble que cela nourrit mieux mon imaginaire et mon écriture. De la même façon, il me semble qu’aller voir une expo ou un spectacle m’apporte énormément. Je ne crois pas à l’hyper spécialisation en littérature quelle qu’elle soit, on n’a jamais vu un aquarelliste n’aller voir que des expos d’aquarelle !
Côté inspiration, je citerais des livres classiques, peut-être de lointains parents-ancêtres de la romance comme L’amant de Lady Chatterley ou Madame Bovary et plus proche de nous, certains romans américains contemporains comme ceux de Donna Tartt, Russell Banks ou Siri Husdvedt. La différence c’est que ces livres que je cite ne finissent pas forcément bien ! Alors, disons que mon modère pourrait être 5ème avenue de Candace Bushnell qui n’est pas à proprement parler de la romance. Donc pas de modèle en réalité, mais des inspirations que je puise dans toutes mes lectures.
Il y a beaucoup de sous-catégories de romance (romance érotique, romance historique, etc… voire aussi des collections particulières). Avez-vous voulu vous inscrire/vous inscrivez-vous dans une sous-catégorie précise ? Y-en-a-t’il une que vous aimeriez essayer ? Si oui, pourquoi ?
J’écris des romances érotiques, ce qui est une des spécificités de la maison d’édition chez qui je publie, les éditions Addictives. Érotique veut dire que vous avez des scènes de sexe au fil de l’intrigue, qui font partie de la montée en puissance de la relation amoureuse qui unit les deux personnages. Au début, j’ai eu du mal à trouver la bonne mesure pour cette scène, soit c’était trop gnangnan, soit un peu trop hard. D’ailleurs, après l’envoi de ma première scène de sexe à mon éditeur, ça m’a valu de sacrés fou-rire avec des copines quand j’ai réalisé que j’avais envoyé une scène limite porno à mon éditeur. À priori, il ne m’en a pas tenu rigueur !
Deux de mes romances, Play with Me et la dernière parue Mine Again, sont classées en romances à suspense : en effet, dans ces deux romans, l’histoire d’amour se développe au milieu d’ennemis, de sombres machinations ou de secrets familiaux dont le but est de détruire les héros qui doivent résoudre difficultés et mystères avant de pouvoir devenir pleinement eux-même et vivre leur amour en toute sérénité.
Quels sont les codes ? En terme de structure de l’histoire, d’intrigues, de personnages, d’écriture, etc.
Outre l’issue positive, il doit y avoir de l’amour et des problèmes !
Outre l’issue positive, il doit y avoir de l’amour et des problèmes ! Ainsi, ce qui commence souvent par une attirance intense et irrépressible se heurte très vite à des interdits d’ordre personnel, extérieur, professionnel ou social que les héros vont combattre, comprendre et arriver à dépasser.
Donc généralement, il se passe plein de choses pour chacun d’eux et ensemble avant qu’ils n’y arrivent… Comme dans la vie, ils rencontrent aussi des gens qui ne les aiment pas, des amis qui n’en sont pas et des rivaux qui vont chercher à empêcher leurs projets de se réaliser.
Bien sûr les personnages principaux, hommes et femmes, sont généralement beaux, intelligents et très sexy, mais aussi indépendants et souvent riches, au moins pour l’un des deux car si l’aspect matériel ne fait pas le bonheur, ça aide à faire plaisir à l’autre.
S’il y a une règle majeure en romance, pour moi, c’est qu’en lisant, on doit pouvoir s’identifier très rapidement. Si ça ne marche pas, c’est qu’il y a un problème.
Enfin, en matière d’écriture, je suppose que chaque maison d’édition a ses préférences de style, mais il y a souvent de l’humour, pas mal de dialogues et une narration à la première personne.
Quels sont les « interdits », les choses à ne surtout pas faire ? En terme de structure de l’histoire, d’intrigues, de personnages, d’écriture, etc.
Je suppose que dire la fin serait une grosse erreur ! Ou ne pas amener l’histoire à son terme, l’amener sans l’avoir préparée, ouvrir plein de pistes et ne pas les refermer, être incohérent ou absolument pas crédible, utiliser trop de ficelles, avoir de mauvais dialogues, des descriptions trop longues, des développements inutiles pour faire avancer l’histoire, une intrigue mal ficelée ou trop molle, des personnages stéréotypés monolithes. Il faut aussi éviter de noyer son lecteur, ou au contraire de le guider un peu trop en lui expliquant tout. Mais ce sont des interdits propres à tout type d’écriture, non ?
Ces codes et interdits diffèrent-ils selon les maisons d’éditions ?
Je suppose que certains codes restent assez semblables (happy end, amour, péripéties et évolution) cela doit différer pour les subtilités (plus ou moins de sexe, plus ou moins d’humour etc…) mais comme je n’ai jamais travaillé ailleurs, je ne peux pas vous dire !
Quel est votre méthode de travail ? exemple : vous avez une idée, vous sous-mettez un résumé d’une potentielle histoire à votre éditeur, puis si le projet est accepté, vous retravaillez, puis peut-être découpez-vous les différentes scènes, etc. et écrivez ? Vous écrivez des histoires en plusieurs tomes : est-ce que vous pensez l’histoire en entier avant de découper en différents tomes ?
Avec mon éditeur, nous communiquons beaucoup avant, pendant et après : chaque projet est ainsi le résultat d’une collaboration auteur/éditeur très importante. Cela débute avec le projet qui part en général d’une idée plus ou moins développée ou d’un univers qui m’intéresse. Par exemple pour Play with me, l’histoire d’une jeune styliste qui bosse comme assistante à tout faire dans une agence de mannequins, le point de départ c’était une coloc, un amour interdit et le secteur de la mode, soit un univers de papier glacé qui fait rêver mais aussi plein de chausse trappes. Pour Toi & moi c’est compliqué, j’ai eu envie de travailler sur une sorte de huis-clos, puis ça s’est précisé en parlant vacances entre amis avec des copains échaudés par ce genre d’aventures de groupe, qui peuvent être aussi cauchemardesques que paradisiaques.
Après cette première étape, je développe l’histoire sur quelques pages puis chapitre par chapitre, ce qui me permet ensuite de découper en volumes en y insérant quelques cliffhangers si nécessaire. Je suis assez perverse avec mes personnages pour lesquels rien n’est jamais simple ni acquis. Puis j’écris. Et quand je commence cette phase, c’est comme si j’entrais totalement dans le livre. Plus rien n’existe, j’en oublie parfois de manger, de dormir, de voir des gens. Je vis l’histoire à fond, ce qui n’est pas toujours facile pour les êtres vivants avec lesquels je partage mon quotidien !
Combien de temps la préparation et l’écriture d’un tome vous prend-t-il ? De l’ensemble des tomes ?
Écrire tous les épisodes d’une série, soit l’histoire en entier me prend entre 6 et 8 mois et c’est une période très intense. Je crois que je travaille très lentement, et qu’en plus je suis perfectionniste.
Pourriez-vous définir ce qui plait dans la romance ? Que cherchent les lectrices/lecteurs lorsqu’ils lisent de la romance ?
Pour moi, la romance crée des émotions et permet de se sentir vivant. Ce qui plait, c’est sans doute cette capacité à apporter du rêve et de l’évasion. Elle permet d’entrer dans un monde différent, de rencontrer d’autres gens, de voir que l’on peut être comme eux ou différents, et peut-être de se remettre en question car elle parle de ce qui nous préoccupe : le travail, l’amour, le couple, l’amitié, les rivalités, la mort, la sexualité, la famille… Mais les héros (parce qu’ils sont les héros) ont cette force que l’on admire et que l’on voudrait toujours avoir : ténacité, endurance, passion, volonté, ils sont à 100 %. C’est en effet rare de voir un héros mou, apathique et sans flamme ! Au fond, on les aime car ils sont nous, en version intense. Ils se battent pour vivre leurs passions, avoir la vérité, obtenir la justice.…
Je crois que le secret de la romance, comme de toute lecture, est qu’elle permet de mieux comprendre qui nous sommes et de ne pas se sentir isolé en tant qu’être humain. D’ailleurs, en ce qui concerne la romance, il y a plein de communautés de fans et de blogs de partage. Je ne suis pas sûre que d’autres types de littérature soient aussi fédérateurs !
Vous écrivez à la première personne, au présent, du point de vue de la protagoniste. C’est une préférence de la maison d’édition ? Qu’est-ce que ce point de vue permet selon vous ? Est-ce que ce point de vue vous contraint parfois, par rapport à la 3eme personne focale (ou subjective) ?
Écrire à la première personne est un des codes récurrents du genre. Cela permet dès les premières lignes d’être en prise directe avec le personnage principal en se situant dans son champ de vision, dans ses pensées, dans sa façon de comprendre le monde qui l’entoure et même dans ses rêves les plus secrets. On est tout de suite dans le cœur de quelqu’un et on peut l’entendre vibrer et battre. Si c’est réussi, le lecteur peut s’identifier très rapidement et aura envie d’en lire plus. J’aime beaucoup ce point de vue qui permet d’être au plus près de ce qui est éprouvé et ressenti. L’emploi du présent renforce cette possibilité d’immersion totale.
Évidemment, cela limite le point de vue à ce que peut voir, savoir ou penser le personnage et il faut tenir cette focale tout du long, soit sur plus de 600 pages. Or ce personnage est juste un humain comme nous donc il n’a pas toutes les clés du problème en mains. Il y a donc des informations que l’on devra faire passer autrement au lecteur, via des dialogues, des lectures ou des faits rapportés. Dans Mine Again, les points de vue alternent selon les chapitres entre les deux protagonistes principaux : au début, j’avais un peu peur de me répéter, mais finalement j’ai trouvé l’expérience amusante, riche et stimulante. Cela m’a permis de montrer qu’une même situation peut être interprétée très très différemment selon de quel côté on se place et que les malentendus (un vrai ressort de la romance) arrivent vite.
Faites-vous un travail de réécriture ? Sur quels aspects ?
Sur tous les aspects. Je traque les répétitions, les contradictions, les erreurs de chronologie, de détails (si le héros a un tatouage sur l’épaule droite, veiller à ce qu’il l’ait toujours à droite !). Comme j’ai tendance à écrire au kilomètre quand je suis lancée et à faire des scènes qui n’en finissent plus, mon éditeur coupe les parties redondantes et fait ça très bien, bien mieux que moi. Je réécris aussi parfois complètement certaines scènes parce qu’elles ne tiennent pas la route : trop descriptives, trop molles, trop bavardes. J’ajoute aussi des émotions, des réactions, je me pose la question de comment va réagir le personnage si l’autre lui dit ça ? Je vérifie si ça fonctionne avec le caractère du personnage et si la réponse est non, il faut réécrire. J’essaie aussi de reprendre les dialogues, de les rendre plus incisifs car souvent leur première version est mauvaise et manque de rythme.
Je réécris aussi parfois complètement certaines scènes parce qu’elles ne tiennent pas la route : trop descriptives, trop molles, trop bavardes.
Où trouvez-vous vos idées ?
Partout. En observant dans la rue, dans le métro, en écoutant les histoires de mes amis, au bureau, en famille, en piochant dans mes souvenirs, en visitant une expo ou en me baladant dans un parc. Après je mélange le tout et hop !
La romance a un côté « glamour » « irréel » « qui fait rêver », et c’est un peu cela que les lectrices/lecteurs cherchent. Comment faites-vous pour créer des univers glamours originaux ?
Je fouille, je fais des recherches, je me renseigne, je lis des trucs sur Internet, je regarde des vidéos, des séries TV, je consulte des articles, des biographies, des manuels… Je vais parfois faire des interviews pour en savoir plus sur un univers, comme par exemple une directrice de casting pour Play with Me ou une travailleuse sociale pour Mine Again.
Mais ce qui fait rêver… ce sont souvent des univers où tout a l’air beau, plaisant, paradisiaque et où les gens ont l’air libres et épanouis. Mais même quand on écrit et lit de la romance, on sait que ce n’est pas vrai, qu’il y a toujours un envers au miroir et que tout n’est pas si merveilleux et simple que ça en a l’air. C’est vrai de la sphère professionnelle, mais aussi des familles, des amitiés, des relations avec les autres. Ce fameux glamour permet de faire rêver et s’évader mais il permet aussi de parler du reste qui, parfois, peut être très glauque : pour les mannequins par exemple, c’était le travail de filles trop jeunes, leur quasi exploitation, l’anorexie et la vie décalée qu’elles mènent. De la même façon, les familles riches et formidables en apparence font rêver mais elles ont toutes leurs secrets et leurs petits crimes. Pour moi, le glam, c’est les paillettes, ce qui en met plein la vue, mais c’est aussi le contraste. Aussi, à chaque fois, j’essaie aussi de montrer le côté sombre, que ce soit la drogue, l’envie, le mensonge, la fausseté, la jalousie…
Pourriez-vous nous montrer un bref extrait d’une de vos romances et nous expliquer quel était l’objectif vis-à-vis du lecteur et quels sont les moyens techniques que vous avez mis en œuvre pour l’atteindre ? Pouvez-vous nous montrer, comment « cela fonctionne » ?
Méthode : une relecture de mes éditrices qui n’ont pas le nez dans le guidon comme moi, des coupes, des verbes d’action, moins de pensées et de bla-bla, et mieux correspondre au caractère du personnage principal, impulsif et entier.
Objectif : donner davantage à voir la rapidité de la scène, l’attaque surprise, la réactivité à fleur de peau mais aussi le côté chevaleresque du personnage.
Version 1 (extrait de la V1 de Mine again)
Je n’ai pas le temps de comprendre que tout le poids du joueur de rugby me tombe sur le dos, tandis que ses mains tentent de m’étrangler. Pris de court, déséquilibré, je chancelle sous son poids, puis je donne un coup de reins qui nous fait basculer, le type et moi sur le côté. Il se récupère mieux que moi qui me mange l’angle de la table basse.
En me remettant debout, j’essuie ma lèvre sur le dos de ma main tout en fixant ma rose des vents couverte de sang.
Je déteste me battre…
Face à moi, campé sur ses pieds écartés, Oliver se tient droit, prêt à me terrasser. Son sourire s’épanouit, déjà victorieux à l’idée du combat. Mes doigts sont bien trop précieux pour risquer de les abimer…
« Et assurés une fortune », dirait Tyler qui serait furieux s’il me voyait en ce moment.
– Dis donc Oliver, demandé-je en détachant les syllabes de son prénom, on t’a jamais dit que ça ne se faisait pas ?
Tandis que je vérifie un à un que mes doigts fonctionnent, l’air narquois d’Oliver s’accentue.
– Attaquer par derrière, ce n’est vraiment pas loyal ! continué-je tranquillement.
Presque impatient d’en finir, il soupire avec dédain. Pas rancunier, je lui souris puis…Sans modifier d’un millimètre ma position, je lui envoie une droite en pleine face suivie d’une gauche pile sur la tempe. Puis une autre droite sous le menton. Sonné, les yeux en soucoupe, il me regarde en vacillant, tout en tentant de riposter dans le vide.
– Tu vois, moi, ça fait dix minutes que je me retiens de t’éclater la gueule et là, y’a plus rien qui me retient, je me sens libre ! dis-je en lui rendant coup pour coup chacun des mots blessants adressés à Willow.
Trois minutes plus tard, après une courte résistance que j’écrase avec minutie, Oliver git au sol, à peu près dans le même état que ses fleurs.
– Et voilà, maintenant, tu peux rentrer bien sagement chez toi, dis-je en me laissant tomber dans le canapé.
Version 2 (celle qui a été publiée dans Mine again)
Un cri de guerre me déchire soudain les tympans. Une volée de coups s’abat sur mes omoplates suivi d’un corps qui se jette sur moi. Surpris, je vacille sous un poids lourd et agité : Oliver. Soufflant comme un taureau dans ma nuque, il cherche à me ceinturer. Je titube quelques secondes puis bandant tous les muscles de mon torse, je glisse mes mains entre l’étau de ses bras et le repousse en tordant son épaule droite vers l’arrière. Il rugit en reculant. Je pivote comme une toupie pour lui faire face. Ramassé sur lui-même, il me cueille d’une droite monumentale sur la tronche. Je ne l’avais pas vue venir celle-là. La bouche en sang, je vois au moins dix systèmes solaires.
Mais faut pas me chercher !
Tendant le bras, je l’attrape par le col. Un bruit craquant de déchirure s’échappe de son costume et je lui colle un poing dans le bide. Il se plie en deux. Sans lui laisser le temps de prier, je le remonte vers le ciel d’une droite au menton. Sonné, les yeux en soucoupe volante, il me regarde en vacillant, tout en tentant de riposter dans le vide. Un crochet sur la tempe l’étale sur le sol.
À peu près dans le même état que ses fleurs. J’essuie ma lèvre sur le dos de ma main tout en fixant ma rose des vents couverte de sang. Puis je lui tends la main pour qu’il se relève. Mais ce trouduc refuse.
Va mourir !
Avez-vous d’autres projets d’écriture, hors romance ?
Oui, des nouvelles, un roman psychologique qui n’avance pas… J’ai des tonnes de projets, romances ou pas, notés dans des petits carnets empilés sur mon bureau et souvent je me dis que je ne vais jamais avoir assez de temps pour écrire tout ça. Mais si la vie est comme la romance, ça devrait bien finir 🙂
Un grand merci aux Artisans de m’avoir proposé cette interview !
Remerciements à Louise Valmont et les Editions Addictives.
Pour découvrir les romances de Louise Valmont c’est ici !
Interview : Coline Bassenne