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Fiers de nos élèves – Léo Natta, Sélection du Jury du Prix de l’ailleurs 2023


Léo Natta est élève de 4ème année aux Artisans de la Fiction. Il fait partie des 10 lauréats du prestigieux Prix de L’Ailleurs (Suisse, science fiction). Vous pouvez découvrir sa nouvelle dans le recueil Robotisée.
Professionnellement, Léo Natta travaille dans les effets spéciaux numériques. Il répond à nos questions.


Quels défis d’écriture présentait pour vous ce concours de nouvelles  ?
Je voulais écrire une nouvelle de science-fiction qui pourrait se passer dans un futur proche. J’ai donc choisi un cadre qui peut parler à tout le monde. Placer une nouvelle dans un bar Rock-Punk me semblait intéressant, ça me permettait de décrire les sensations, les odeurs, le bruit, la musique et tout ce qu’on peut retrouver dans un lieu de ce genre de nos jours, tout en incluant des éléments futuristes. 

Je cherchais aussi à écrire une scène claire, posant une question simple pour embarquer le lecteur et lui faire ressentir de la tension. 

Comment avez-vous procédé pour l’écriture de votre nouvelle lauréate : beaucoup de travail préparatoire ? De nombreuses réécritures?
Il y a d’abord eu une bonne dizaine de versions dans ma tête avant de commencer à écrire. J’avais le lieu, dès le début. Le personnage est arrivé très tôt également, je me suis inspiré de Théo, le personnage principal de “Les fils de l’homme” de P.D.James. J’ai gardé son cynisme, mais je lui ai rajouté une certaine naïveté amoureuse, comme s’il était cynique parce que c’était un rêveur désabusé. Ensuite j’ai réécrit une bonne dizaine de fois le début, pour trouver la voix du narrateur, le style, le vocabulaire. Cette nouvelle m’a aussi fait comprendre qu’il faut savoir lâcher prise au moment du premier jet. Planifier avant, bien sûr, avec quelques inconnus pour que l’histoire puisse nous surprendre. Et après le premier jet, de nombreuses réécritures pour affiner.

Ensuite, la nouvelle a été relue par mon entourage et par une élève des artisans de la fiction, ce qui m’a permis d’avoir un regard neuf et de refaire une série de corrections. Je les remercie encore !

Est-ce que la formation que vous avez suivie aux Artisans vous a aidé ? Sur quels points ?

Oui, beaucoup. En première année des artisans de la fiction, on étudie la scène active, c’est -à -dire une scène où le personnage a un objectif qu’il cherche à atteindre. Je pense que ma nouvelle, en termes de structure, est la mise en application des techniques que l’on a apprises. Sans compter tous les outils à la création de personnages, la gestion des points de vue, le temps de narration, etc. Il y a beaucoup de choses qu’on peut pratiquer de façon instinctive, mais les analyser permet d’être moins hésitant, plus créatif et surtout permet d’aller plus loin.

Bien sûr, ensuite il y a ma sensibilité, mon univers, mais j’ai pu me reposer sur des bases solides qui m’ont apporté beaucoup de confiance. Même si le doute n’est jamais très loin !

Participez-vous régulièrement à des concours de nouvelles  ? Pour quelles raisons ?
De plus en plus. Je me remets depuis quelques années à l’écriture et je trouve que participer à des concours est très formateur. La nouvelle est un format que j’aime lire et que j’ai l’habitude d’écrire. 

Étant également un fan de science-fiction, de polar et de littérature de genre, j’ai grandi avec les nouvelles d’Isaac Asimov, de Ray Bradbury, mais aussi celles de Jack London ou de Maupassant. J’aime d’ailleurs beaucoup mélanger ces influences. 

  Je pense aussi qu’il vaut mieux apprendre des choses d’une nouvelle qu’on met quelques mois à écrire, que d’un roman sur lequel on s’épuise pendant des années. Plus on est à l’aise, plus on peut commencer à allonger. 

Mais au-delà de ça, le format de la nouvelle est excitant, percutant, et est un format à part entière que je recommande à tous de lire !

Un conseil d’écriture pour ceux et celles qui participent à des concours de nouvelles ?
C’est vraiment l’occasion de tester des choses. Ne vous mettez pas trop de pression, même si ce n’est jamais facile pour un auteur. Ce qui compte c’est d’écrire l’histoire qui vous fait plaisir, qui vous ressemble et qui vous apprend quelque chose.

Vous travaillez professionnellement dans les effets spéciaux numériques. En quoi consiste votre travail ?
J’interviens sur les films en post production, sur des images qui ont été tournées. Avec une équipe, nous devons les modifier, ajouter des éléments, en enlever d’autres. Parfois il faut rajouter un décor virtuel imaginaire à la place d’un fond vert, créer un vortex dans l’espace, effacer des anachronismes, rajouter des éléments en image de synthèses, des explosions, de la fumée, de la pluie etc.

Il m’arrive aussi d’aller sur les tournages et de discuter en amont avec l’équipe pour préparer les effets spéciaux.


 
Sur quels types de projets avez-vous travaillé ?
Au début, j’ai voulu tester différents formats. J’ai travaillé sur des films, des films d’animation, de la série, de la série d’animation, de la publicité, des trailers de jeu vidéo et des clips. Au fur et à mesure, je me suis spécialisé dans les films, parce que c’est ce que je préfère regarder et j’aime l’idée de participer à une histoire qui va être projetée sur un écran.

Quels sont les projets dont vous êtes le plus fier ?
J’ai particulièrement apprécié travailler sur Enola Holmes 2. Nous avons dû recréer toute une partie de Londres. Les plans étaient ambitieux, techniques mais servaient aussi la narration parce qu’ils permettaient de poser l’univers. Nous avons ajouté des maisons, des toits, de l’eau, des bateaux et énormément de détails pour faire vivre cet environnement. Il a fallu également étendre des bâtiments existants et effacer les anachronismes.


Certains courts métrages également, en équipe réduite, étaient particulièrement intéressants. Je pense notamment à “Voyager”, qui est un court métrage en stop motion de science fiction, où l’on a intégré un personnage 3d à l’intérieur d’une maquette fabriquée avec des composants d’ordinateur.

J’ai également participé à des projets comme L’empire de Bruno Dumont, qui sortira en 2024, ou la série The Walking Dead centré sur Daryl Dixon, sorti en septembre de cette année.

C’est donc un travail très varié qui permet de travailler sur des projets très différents.


Est-ce que la narration est importante quand on travaille sur un film ? 

La narration, l’histoire en général, est ce qui nous motive à travailler sur un film. C’est le premier moteur, celui qui va donner l’énergie nécessaire pour monter un projet. Parce qu’au cinéma, il y a beaucoup d’étapes ! Il y a l’idée, le scénario, le storyboard, la direction artistique, l’image, le son, le tournage, les effets visuels etc. Toutes ces étapes sont des outils qui permettent de mettre en image l’histoire. Si un détail n’est pas raccord, alors on prend le risque de sortir le spectateur de la narration, et ce serait dommage. 

C’est pour ça que dans les effets visuels pour le cinéma on travaille par séquences. Les éléments que l’on rajoute doivent être raccord d’un plan à l’autre pour conserver une cohérence esthétique et une cohérence avec ce qu’il se passe dans le film. Nous faisons des allers retours permanent entre les différentes équipes.


Est-ce que ce que vous apprenez aux Artisans de la Fiction vous est utile dans votre métier ?
J’aimerais un jour passer à la réalisation et ainsi combiner la narration et les effets visuels. Je ne m’en sers pas encore dans mon travail dans les effets spéciaux numériques, puisque ce sont les scénaristes et le réalisateur qui s’occupent de la narration. Mais ça pourrait me servir dans un potentiel travail de réalisation d’ici quelques années.

Existe-il des formations à la narration dans les milieux du cinéma ?
Oui il en existe, à la Femis et à Louis Lumière par exemple, mais je ne suis pas le mieux placé pour en parler. J’ai tout de même eu des cours de scénario dans le cadre de ma formation aux effets spéciaux à ArtFx, mais notre formation était tout de même plutôt centrée sur les effets spéciaux, le visuel.

Auriez vous aimé être formé à la narration à partir de l’école primaire, comme c’est le cas aux Etats Unis ?

J’aime beaucoup la culture des Etats-Unis autour de ces sujets et je trouve aussi que les Anglais sont très bons dans ce domaine. Je me reconnais davantage dans leur façon de réfléchir la narration. Il y a un certain pragmatisme, et même si je pense que pour écrire une bonne histoire il faut chercher sa propre sensibilité, il y a également des outils techniques à connaître pour pouvoir l’exprimer. J’aurais aimé connaître ces outils plus tôt effectivement.

 

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