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Inventer des histoires au 21e siècle ?


Spoiler alert : tout a déjà été écrit ! Tous les sujets, toutes les histoires. ll suffit de jeter un oeil sur la mythologie grecque, pour ne citer qu’elle, lire  les pièces d’Euripide, Sophocle, etc… pour réaliser que tout a déjà été raconté par nos aïeux du premier millénaire avant notre ère.

L’originalité n’existe pas !

L’humanité se raconte sans cesse les mêmes histoires, car les humains sont habités par les mêmes questionnements et inquiétudes, quelles que soient les époques : la liberté, l’amour, la filiation, la vengeance, la peur…

La structure même des histoires est elle-même une variation sur un modèle commun qu’ont étudié nombre d’auteurs (Aristote, Campbell, Vogler, Tobias, etc). Certains vont même jusqu’à évoquer un « mono-mythe , c’est à dire une structure originelle d’où découlerait toutes les histoires, et c’est celle de la quête (ou « voyage du héros ») qui est généralement prise comme exemple. Une histoire, c’est a minima un personnage qui veut quelque chose et qui rencontre une adversité qui va le faire lutter et évoluer.

Evidemment, il existe mille et une façon de raconter cette quête, de la faire varier et moduler. Mais même ces grandes variations structurelles semblent aussi se répéter : à travers les siècles, on la retrouve inlassablement sous forme de tragédie, de comédie, d’intrigues d’affrontement, etc.

Il existe donc des histoires archétypales, c’est-à-dire des schémas narratifs qui reviennent sans cesse, non pas parce que les auteurs cherchent à les répéter ou manquent d’idée, mais parce que la façon dont les humains racontent des histoires fait partie de la culture collective, que celle-ci soit consciente ou inconsciente.


Inventer des histoires au 21e siècle, qu’est-ce que ça veut dire ?

Chercher l’originalité est donc vain en littérature, mais cela ne veut certainement pas dire que raconter une histoire au 21e siècle se limite à recracher une vieille recette… car les humains (en général) et les lecteurs (en particulier) sont en permanence dans une double quête : celle de ré-entendre les histoires qu’ils aiment, et celle d’une recherche de nouveauté et de distraction.

Si une institution a parfaitement compris ce paradoxe, ce sont bien les studios Disney, Pixar et Marvel. Si on regarde les dernières productions de Marvel, par exemple, on voit qu’ils proposent sans cesse des ré-écritures d’histoires connues : celle de Thor, par exemple, l’histoire de ce jeune prince banni par son père, reprise dans le film « Thor : love and thunder » sorti en 2022.

Ces histoires connues sont remises au goût du jour, en dépoussiérant certains clichés, en étant transposées dans des univers ou des enjeux actuels, mais surtout en insistant sur des points particuliers qui intéressaient moins nos aïeux.

Marvel parvient ainsi à nourrir la double attente du public : se replonger dans des grandes histoires connues et en proposer une version inattendue.

Une autre possibilité, souvent exploitées par les auteurs de romans, est de combiner plusieurs intrigues fondamentales ou plusieurs grandes histoires types : récemment, l’antique histoire du roi Midas a été transposée dans l’univers de la New Romance dans la série de romans « Guild – la saga d’Auren » de Raven Kennedy.

La fiction-panier, une alternative ?

Cette hypothèse de « mono-mythe » a pu questionner de nombreux auteurs, en particulier des autrices féministes préoccupées par la proéminence d’intrigues valorisant la force unique d’un individu célébré pour sa puissance viriliste physique ou mentale.

Et en effet, il y a de quoi s’énerver à s’entendre dire que la seule narration qui sous-tend toute intrigue est celle d’un héros seul contre tous, et grand sauveur de l’humanité.

Ainsi, Ursula Le Guin dans « Dancing on the edge of the world », reprise en France par Alice Zeniter dans « Je suis une fille sans histoire », réfléchit à une narration alternative à l’écrasante figure du héros : la théorie de la fiction-panier.

Parmi ces approches, celle de KM Weiland dans « Writing Archetypal character arcs » est particulièrement pertinente : Weiland montre qu’il ne s’agit pas d’inventer des nouvelles intrigues archétypales (ce qui serait un non-sens !), mais plutôt d’explorer des arcs de personnages qui existent depuis la nuit des temps et qui ont été sous-utilisés dans la littérature moderne et contemporaine. Ces arcs de personnages, au nombre de 5, forment cette alternative à l’arc du héros  :

  • il s’agit de l’arc de la Demoiselle (Maiden Arc ) : c’est celui de Neo dans Matrix 1, de Chihiro dans « Le Voyage de Chihiro » ou encore de de David Copperfield dans la premier partie du roman du même nom…
  • l’arc de la Reine (Queen Arc) : Maximus dans « Gladiator », Aragorn dans « Le Seigneur des Anneaux », George Bailey dans « It’s a wonderful life »…
  • l’arc du Roi (King Arc) : Oedipe dans « Oedipus Rex », Rick Blaine dans « Casablanca »…
  • l’arc de la Sorcière (Crone Arc) : Ebenezer Scrooge dans « Un chant de Noël », Gandalf le Gris dans « Le Seigneur des Anneaux », Alan Grant dans « Jurassic Park »…
  • et celui du Mage (Mage Arc) : Mary Poppins dans « Mary Poppins », Yoda dans « Star Wars », L’Oracle dans « Matrix »…

Ne vous laissez pas berner par le genre qui semble sous-tendre chacun des arcs, un personnage masculin peut tout à fait endosser l’arc de la Demoiselle, celui de la Reine ou du Mage… il s’agit de trajectoires archétypales, et pas d’injonctions !

Pour aller plus loin et vous former sur les intrigues fondamentales, nous vous conseillons les lectures suivantes :

« Le Guide du scénariste », de Christopher Vogler

« The Seven Basic Plots », de Christopher Booker

« Writing Archetypal character arcs », de KM Weiland

Pour apprendre à les comprendre en profondeur et à les mettre en pratique, nous vous proposons ces formations :

Le stage « Les 7 intrigues fondamentales »,  Le stage « L’Arc transformationnel du personnage »,   Le stage « Préparer et construire un roman »

Et bien sûr, notre formation continue en 4 ans où la structure des histoires est abordée en années 2 et 3, tout particulièrement.

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