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La discipline est-elle l’ennemie de la créativité ?


Pour Olivier Bordaçarre, c’est tout l’inverse : la liberté narrative se forge dans les contraintes. Grâce à des plans précis et des règles auto-imposées, il crée des histoires qui marient rigueur et imagination. 


À première vue, rigueur et créativité semblent opposées. Pourtant, pour l’écrivain et dramaturge Olivier Bordaçarre,
Grand prix de littérature policière 2024 pour La Disparition d’Hervé Snoutb, c’est dans la structure la plus stricte que réside la plus grande liberté. Lors d’une interview exclusive pour Les Artisans de la Fiction, il partage sa méthode de travail qui combine cadre rigide et exploration narrative.

Un cadre pour mieux créer

« Je fabrique des plans extrêmement précis, des cadres presque rigides. Chapitre par chapitre, je décris les personnages, leurs désirs, leurs passés, leurs rêves. Une fois ce plan en place, je me réserve toutes les libertés à l’intérieur. »

Pour Olivier Bordaçarre, un plan préalable n’est pas une contrainte, mais un levier pour la créativité. Ce cadre offre une base solide permettant à l’auteur d’évoluer en toute confiance au fil de l’écriture. Bordaçarre souligne également que ce plan, bien que strict, n’est pas immuable :

« Après un premier jet, je peux inverser des chapitres, revoir l’ordre des événements ou ajuster le fil narratif pour éviter les digressions. »

Ce processus reflète l’équilibre entre discipline et intuition, où la structure devient un tremplin plutôt qu’une limite.
Le jeu comme outil d’écriture : l’influence de Georges Perec

Georges Perec est une figure centrale dans l’approche littéraire d’Olivier Bordaçarre. L’écrivain l’évoque avec admiration :

« Perec m’a appris que la contrainte pouvait être libératrice et que la littérature pouvait se jouer des formes. »

En jouant avec des règles préétablies, comme l’élimination de dialogues dans La Disparition d’Hervé Snout, Bordaçarre montre que les contraintes littéraires permettent d’explorer des dimensions narratives inattendues. Il explique comment cette approche enrichit le texte :

« Supprimer les dialogues m’a permis de mélanger ce qui est dit à voix haute et ce qui est pensé, créant une dynamique unique entre les personnages. »

Le jeu, qu’il s’agisse de mots, de formes ou de thématiques, devient alors un moteur pour dépasser les conventions et surprendre le lecteur.

Libération par la lecture : la rédemption littéraire

Olivier Bordaçarre n’hésite pas à partager son expérience personnelle avec la lecture :

« À l’école, j’ai été presque dégoûté de lire. Il m’a fallu du temps pour retrouver mon droit à la passion de lire et d’écrire. »

C’est grâce à des auteurs comme Perec qu’il a pu désacraliser la littérature, la rendant accessible et ludique. Cette approche lui permet aujourd’hui d’enseigner à d’autres comment transcender leurs propres blocages pour explorer pleinement leur potentiel créatif.

En mettant l’accent sur le jeu et la liberté narrative, il transforme l’expérience d’écriture en un espace d’exploration où tout redevient possible.

Un apprentissage perpétuel

L’écriture, selon Olivier Bordaçarre, est un équilibre entre apprentissage et réinvention :

« J’écrivais des choses très mauvaises, mais elles m’ont permis de croire qu’on pouvait toujours trouver une autre manière de dire les choses, hors des cadres scolaires. »

Pour lui, chaque échec est une étape, un pas de plus vers la maîtrise. Il encourage les écrivains à embrasser leurs erreurs et à voir en elles des opportunités de croissance.

Un regard critique sur le monde

Au-delà de la structure, Olivier Bordaçarre utilise la littérature pour interroger le monde. Ses histoires, souvent teintées de critique sociale, s’inscrivent dans une démarche engagée :

« La littérature n’est pas seulement là pour raconter des histoires. Elle offre une vision du monde, interroge ses dysfonctionnements et pose des questions essentielles. »

Qu’il s’agisse de dénoncer les inégalités, d’explorer la condition humaine ou de remettre en cause les normes sociétales, ses récits vont au-delà de la simple narration pour devenir des outils de réflexion.

Conclusion : la structure comme tremplin

Olivier Bordaçarre montre que la liberté créative ne s’oppose pas à la discipline, mais en découle. Les cadres, qu’ils soient rigoureux ou ludiques, offrent un espace où l’écrivain peut explorer, jouer et finalement se libérer pour raconter des histoires profondes et marquantes. Ses conseils, à la fois pragmatiques et inspirants, résonnent comme une invitation à trouver sa propre voix en écriture.

Nous vous invitons également à découvrir notre interview de Caroline de Benedetti et Emeric Cloche, qui ont publié Olivier Bordaçarre  dans la collection Fusion, aux éditions L’Atalante :


Si vous désirez maîtriser la construction narrative, nous vous recommandons nos formations suivantes :

 

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