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Le 1er jet c’est de la m…. ! Pourquoi il faut réécrire


Et si le mythe de l’écrivain romantique, créant des chefs-d’œuvre en une seule traite, était une illusion dangereuse ? Alors que l’intelligence artificielle menace de simplifier le processus créatif, il est temps de rappeler que la véritable littérature est forgée dans la réécriture. Comme l’a dit Hemingway, « le premier jet, c’est de la merde ».


L’écrivain romantique, souvent représenté comme un génie solitaire inspiré par une muse divine, a longtemps incarné un idéal de spontanéité et d’authenticité créative. Ce mythe persistant a conduit nombre d’auteurs débutants à croire que le premier jet d’un texte devrait être le produit d’une fulgurance exceptionnelle. Pourtant, en examinant les grandes œuvres littéraires et en écoutant les écrivains contemporains, il devient évident que la réécriture est au cœur de l’acte créatif.

Ernest Hemingway, un des plus grands maîtres du style, l’a dit sans détour : « Le premier jet, c’est de la merde. »

Cette phrase brutale résonne avec la pratique de nombreux auteurs, pour qui la véritable écriture commence après la première version d’un texte. Gil Bartholeyns, romancier et historien belge, explique : « Je passe plus de temps à relire, à peaufiner, à polir, qu’à écrire. » Dans cette perspective, le premier jet n’est qu’une ébauche, un squelette fragile qui doit être remodelé, retravaillé, et affiné.

Le mythe romantique démystifié : une réalité bien plus complexe

Contrairement à l’image de l’artiste romantique jetant des chefs-d’œuvre sur le papier en un éclair de génie, les écrivains du XIXe siècle, tout comme les contemporains, passaient des heures à réécrire. Victor Hugo, Flaubert, ou encore Baudelaire travaillaient leurs textes jusqu’à l’obsession.

Colum McCann, auteur irlandais récompensé par le National Book Award, renforce cette idée : « L’écriture c’est de la merde jusqu’à ce qu’elle ne le soit plus. On doit travailler encore et encore. »

La réécriture, loin d’être une simple correction, est un processus créatif à part entière où se joue la véritable alchimie du texte.
Pierre Lemaitre, auteur récompensé par le Prix Goncourt, partage cette approche : « L’écriture réelle, c’est la réécriture. » Il encourage les écrivains à accepter la simplicité dans ce processus, rappelant que la solution la plus efficace est souvent la plus évidente, mais qu’elle n’émerge qu’après des dizaines de révisions. Il ne s’agit pas d’un simple polissage du texte, mais bien de l’acte de créer une structure narrative cohérente, où chaque phrase, chaque mot, trouve sa place.

Les multiples approches de la réécriture : d’un écrivain à l’autre

Chaque écrivain aborde la réécriture différemment. Bernard Minier, auteur de thrillers, explique qu’il avance prudemment, réécrivant chaque page avant de poursuivre son texte : « Je relis, je réécris, je retravaille, et j’avance petit à petit. » Ce processus constant de révision permet de s’assurer que chaque détail fonctionne avant de progresser, bien que cela n’empêche pas une relecture finale exhaustive une fois le manuscrit achevé.

D’autres, comme DOA, préfèrent une approche plus structurée. Utilisant des plans détaillés et des frises chronologiques, il visualise chaque élément de l’histoire pour ajuster la progression des personnages et des événements. Cette méthode lui permet de maintenir une cohérence narrative tout en apportant des ajustements nécessaires au fur et à mesure de l’écriture.

La réécriture face aux nouvelles technologies : IA, un faux danger ?

Dans un monde où l’intelligence artificielle s’immisce de plus en plus dans les processus créatifs, certains craignent que la réécriture perde de sa valeur.

Pourtant, selon Gil Bartholeyns, l’IA reste une aide limitée, un « stagiaire maladroit » incapable de capter la finesse et la complexité du travail littéraire. « Elle peut aider à gagner du temps, mais elle n’a pas la finesse nécessaire pour écrire une œuvre littéraire, » souligne-t-il.

Les outils numériques, bien qu’utiles pour certaines tâches mécaniques, ne remplacent pas la créativité humaine ni la profondeur du travail de réécriture. Frank Thilliez, auteur de thrillers, insiste sur l’importance de l’atmosphère dans ses romans, un aspect qu’une machine ne peut générer avec la même sensibilité humaine. La capacité à recréer des sensations sonores et sensorielles, comme le fait Valentine Goby, ou à garantir la cohérence du parcours des personnages, comme David Diop, sont des dimensions où l’IA est encore largement dépassée.

 

Le rôle des éditeurs : sculpteurs de textes

Enfin, il serait faux de croire que la réécriture est un processus solitaire. Les éditeurs jouent un rôle crucial dans la transformation d’un manuscrit. Anne-Marie Métailié, célèbre éditrice, raconte qu’elle demande souvent aux auteurs de retravailler un texte en profondeur avant de le publier. Elle se souvient d’un auteur qui devait retirer 150 pages de son manuscrit : « On a repris le texte ensemble, et à la fin, on avait enlevé les mêmes choses. Le livre a alors pris forme. »

Cette collaboration entre l’éditeur et l’auteur renforce l’idée que la réécriture est un passage obligé dans la création littéraire, un processus collectif qui permet de révéler le véritable potentiel d’un texte.

Conclusion : La réécriture, un acte de résistance créative

Loin d’être une simple correction ou un ajustement de détails, la réécriture est l’acte fondateur de la création littéraire. Elle permet de transformer une idée brute en un texte abouti, fluide et cohérent. Alors que l’intelligence artificielle promet de faciliter certains aspects du processus d’écriture, elle ne pourra jamais remplacer la sensibilité et l’effort humains nécessaires à l’élaboration d’une œuvre littéraire de qualité.
Pour les écrivains en devenir, accepter l’importance de la réécriture, c’est s’engager dans un processus long et exigeant, mais ô combien gratifiant.

Comme l’a souligné Hemingway, « le premier jet, c’est de la merde ». Mais c’est à partir de cette ébauche que naît la véritable création.

 

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