Pour la rentrée littéraire 2024, les formateurs de l’École de Creative Writing Les Artisans de la Fiction vous ont concocté une sélection exceptionnelle. Que vous soyez fan de polars, amateur d’essais littéraires ou passionné de bandes dessinées, laissez-vous guider par nos recommandations de lectures inspirantes. Découvrez les œuvres qui marqueront votre automne et enrichiront votre parcours littéraire.
Julie Fuster vous recommande :
« Froid comme l’enfer », Lilja Sigurdardottir (polar)
Autre polar, autre inspectrice (amateure, celle-ci !) et autre pays, puisque l’intrigue se passe cette fois-ci en Islande. Aurora part à la recherche de sa soeur disparue. Les jours passent et la perspective de la retrouver vivante s’amenuise : la jeune anglo-islandaise va devoir utiliser toutes ses ressources intellectuelles pour dénouer les non-dits, ainsi qu’une sacrée dose de savoir-faire en ce qui concerne l’investigation des opérations financières les plus louches, en ces temps de crise économique.
« La Foi d’un écrivain », Joyce Carol Oates (essais)
Contrairement à ce que la quatrième de couverture laisse à penser, il ne s’agit pas d’un cours d’écriture dispensé par l’immense romancière canadienne, mais de courts essais sur sa pratique de l’écriture. Joyce Carol Oates retrace les différentes étapes de sa vie et de sa carrière, tout en réfléchissant de manière très fine sur l’acte d’écrire de la fiction. Modeste, elle analyse les techniques et la narration des auteurs qu’elle admire (Virginia Woolf, Mary W Shelley, Tolstoï, Tchekov…) bien plus qu’elle ne développe sur les arcanes de son propre travail.
Si comme nous, vous aimez les romans de l’autrice et que leurs univers envoûtants vous fascinent, ce livre est un moyen d’entrer par une autre porte dans son esprit brillant et comprendre la logique de son travail d’écrivain.
« Le Poids des choses », Marianne Fritz (roman court)
Attention, voilà le genre de livre qu’on ne lit pas pour se détendre ou pour frissonner de plaisir. « Le Poids des choses » est une fable extrêmement cruelle sur l’amour, la famille et la folie. Wilhelma essaye de retracer le fil des évènements qui l’ont amenée dans cet hôpital où son mari et sa nouvelle femme lui rendent visite. Que sont devenus ses enfants ? Et cette nouvelle femme, lui raconte-t-elle toute la vérité ? N’était-elle pas sa voisine, fût un temps ?
Un roman court dont la lecture va vous hanter et qui vous donnera à vous aussi l’envie de raconter des histoires essentielles, puissantes et incroyablement belles. Une lecture indispensable pour tous les apprentis écrivains, tant il s’agit d’une démonstration de puissance narrative. Une apparente simplicité, un nombre de pages réduit, une technique impeccable. Ça va vous inspirer !
« Lettres à un jeune auteur », Colum McCann (essai)
Le romancier irlandais s’adresse à tous ceux et celles qui écrivent de la fiction, et en particulier aux débutants qui pourraient se sentir découragés ou illégitimes face à l’ampleur de la tâche. Une cinquantaine de chapitres très courts se succèdent, portant chacun un conseil (fort peu dogmatique !) en lien avec les techniques de narration, la façon dont on crée une histoire, mais aussi l’hygiène mentale de l’écrivain, son rapport avec son entourage, son éditeur (ou son absence d’éditeur)… Le style est enlevé, dynamique, proche de la harangue exaltée, mais ça fait du bien. Ce petit livre, publié en poche dans sa version traduite en français, redonnera de l’énergie à quiconque s’est déjà confronté aux aléas de l’écriture de fiction.
Pour plus de détails : notre chronique détaillée de « Lettre à un jeune auteur » et une interview exceptionnelle de Colum McCann !
Lionel Tran vous recommande :
Le dernier sergent, Fabrice Neaud (Bande dessinée)
L’autobiographie s’est imposée dans la bande dessinée depuis une quinzaine d’années. Ce courant, inspiré par les travaux d’auteurs de comix underground américains, a trouvé un élan particulier en France, où il a permis à une génération d’auteurs de raconter leur quotidien, leurs espoirs, leurs difficultés et leurs amours. L’atmosphère de ces récits est souvent juste, touchante, et amusante.
Mais, à l’origine de ce courant français, il existe un monument : Le Journal de Fabrice Neaud, dont le nouveau tome vient de paraître après 20 ans de silence éditorial. Il s’agit de Le dernier sergent, une œuvre magistrale, qui est le récit de la génération née après 1968, qui s’est cherchée dans l’art et la culture et qui a redécouvert à ses dépens la réalité des classes sociales.
L’arc transformationnel du protagoniste est puissant et fait mal, le sens de la narration est à tomber par terre. Fabrice Neaud à réussit à prouver que la bande dessinée pouvait être du même niveau que la littérature il y a 30 ans. Sa puissance narrative n’a rien perdu, au contraire : Le dernier sergent est un chef d’œuvre. Si vous ne devez lire qu’un seul (gros et beau) livre cet été, offrez-vous Le dernier sergent !
Amoreena Winkler vous recommande :
« Du nouveau Monde » de Yusuke Kishi – Ailleurs & Demain
« Du nouveau Monde » de Yusuke Kishi, publié par la collection Ailleurs & Demain, nous transporte dans un millénaire futuriste où Saki, une jeune fille dotée de pouvoirs de psychokinésie, navigue dans une société prétendument idyllique mais chargée de secrets. Aux côtés de ses amis Shun, Maria, Satoru, et Mamoru, Saki découvre l’existence des Rats-Monstres et entreprend un voyage au-delà des frontières de leur communauté isolée. Leur exploration les mène à une IA porteuse de mémoire, révélant des vérités cachées sur l’histoire de l’humanité.
Kishi réussit à dépeindre un univers complexe à travers les yeux innocents de Saki, où thèmes de domination, colonisation, et pouvoir s’entremêlent dans une quête de vérité et de maturation. Le lecteur est invité à pénétrer un village de magiciens barricadé de secrets, où l’utopie se révèle être une façade fragile.
En attendant le deuxième tome, ce récit promet une aventure fascinante dans un monde où les vérités cachées sont prêtes à être dévoilées.
Lire notre chronique détaillée de « Du nouveau monde »
Aline Pichet vous recommande :
Et l’imagination prend feu, Christelle Dabos (essai)
Que vous ayez lu La Passe-Miroir ou non, je vous conseille chaudement la lecture de son livre dans la collection “Secrets d’écriture”. On y retrouve toute sa personnalité et son parcours pour devenir l’autrice qu’on connaît aujourd’hui. Comment a-t-elle créé son univers ? Quelles ont été ses angoisses, des questionnements ? Elle donne aussi de nombreux conseils sur l’écriture : comment provoquer l’inspiration, se nourrir de lectures inspirantes, continuer à écrire quoi qu’il arrive, et bien d’autres. L’autrice se livre pleinement dans cet essai et c’est une très bonne source de réflexion !
Lire notre chronique détaillée de ‘Et l’imagination prend feu ».
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