Les Intelligences Artificielles (IA) et leur rôle dans le processus d’écriture suscitent de vifs débats au sein de la communauté littéraire. Olivier Paquet, écrivain de science-fiction, et Claire Garand, autrice de Paideia (La Volte, 2023), partagent leurs réflexions sur ce sujet brûlant d’actualité. Deux visions complémentaires se dessinent, mettant en lumière les opportunités et les défis que représentent les IA pour l’avenir de l’écriture.
Les Intelligences Artificielles (IA) révolutionnent progressivement le monde de l’écriture, ouvrant de nouvelles perspectives et soulevant des questions fondamentales quant à l’avenir de la création littéraire. Dans une société où la technologie occupe une place prépondérante, quelle est la véritable influence des IA sur le processus créatif des écrivains ?
Olivier Paquet : Utiliser les IA comme outils
Olivier Paquet, écrivain français de science-fiction, aborde cette question avec pragmatisme. Pour lui, les IA génératives représentent avant tout des outils au service de la créativité humaine. Dans une interview récente, il souligne : « Ce sont des outils, c’est à dire que je ne crois pas que ces IA vont d’elles mêmes créer des romans, ça ne fonctionne pas. »
Pour Paquet, les IA ne peuvent pas remplacer l’écrivain, mais plutôt l’assister dans son processus créatif.
Il insiste sur le fait que l’écrivain reste au cœur du processus, utilisant les IA pour générer des idées, des synopsis, voire même des séquences de mots. Cette utilisation des IA comme partenaires de création ouvre de nouvelles perspectives, permettant aux écrivains d’explorer des horizons inédits tout en conservant leur empreinte artistique.
Claire Garand : Impact sur le processus créatif
De son côté, Claire Garand, autrice de nouvelles et novellas, met en lumière les défis que posent les IA à l’écriture. Dans une interview, elle évoque la rapidité d’exécution offerte par les IA pour la rédaction de textes formatés, tout en soulignant la nécessité de repenser le processus de création.
« Pour des textes formatables, c’est à dire qui ont des structures récurrentes, comme le polar, la romance ou même la SF, il va y avoir une rapidité d’exécution, avec certains auteurs qui feront peut-être plus de la rééécriture que de l’écriture.
Nous allons également peut-être voir apparaître des Book Runner, sur le même modèle que les showrunners, avec des collections entières qui seront consacrées à ça », explique-t-elle.
Cette standardisation des contenus pourrait impacter les attentes des lecteurs et formater la lecture, faisant émerger une littérature formatée et prévisible. Pour Garand, il est crucial pour les écrivains de rester maîtres de leur art et de ne pas céder à la facilité offerte par les IA. Elle exprime ainsi des craintes quant à l’impact de ces technologies sur la diversité et l’originalité des œuvres littéraires.
Synthèse et perspectives : Entre opportunités et défis
Les perspectives d’Olivier Paquet et de Claire Garand mettent en lumière les multiples facettes de l’impact des IA sur l’écriture. Si les IA offrent indéniablement des opportunités en termes de productivité et de créativité, elles soulèvent également des défis quant à l’originalité et à la diversité des œuvres littéraires.
Face à cette évolution technologique, il apparaît essentiel pour les écrivains de trouver un équilibre entre l’utilisation des IA comme outils d’assistance et la préservation de leur singularité artistique. L’avenir de l’écriture s’annonce ainsi riche en innovations et en questionnements, où la créativité humaine continuera de jouer un rôle central.