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“Pourquoi j’écris et autres textes”, George Orwell


Dans Pourquoi j’écris, George Orwell déchire le voile de la création littéraire pour exposer les forces brutes qui le poussent à écrire : la colère, l’idéalisme, le besoin de vérité, et une conscience aiguisée des dérives du pouvoir. À travers un essai brutal, sans concession, il nous livre un manifeste personnel qui éclaire les coulisses de sa plume acérée. Ce texte, véritable cri d’alarme, interroge l’engagement de l’écrivain face aux manipulations politiques et aux mensonges collectifs. Orwell y rappelle que la littérature n’est pas un refuge mais un champ de bataille, où chaque mot doit servir à démasquer, dénoncer et défendre ce qu’il reste de liberté.

Qui ne connaît pas la fiction dystopique la plus évidente du 20ème siècle : 1984 de George Orwell et son univers dystopique

En lisantPourquoi j’écris et autres textes”, nous découvrons une vision engagée, obscurcie par la réalité des guerres et la prévalence du mal. Si en fiction, le lecteur/spectateur aime voir la vérité et le bien triompher, l’Histoire nous démontre bien la banalité du mal. Relire ce pamphlet secoue les pacifistes amollis que nous sommes et dénonce la complaisance inerte enrobée d’idéaux trop sucrés qui anesthésient toute intention de se battre.

“Nourris pendant des siècles d’une littérature où le bon droit triomphe invariablement au dernier chapitre, nous sommes presque instinctivement convaincus qu’à long terme le mal va toujours de lui-même à sa perte.” 

Laisser simplement l’eau couler sous les ponts sans action amènera-t-il le cadavre de nos ennemis ? L’idée même de l’ennemi est déjà une offense à la bienséance spirituelle de certains!  

Orwell était tellement engagé qu’il est descendu en Espagne se battre contre le fascisme. Personne ne l’obligeait. Et le plus triste, c’est son ton désillusionné qui repère que la perversion se niche dans le pouvoir, quel que soit le camp. Pas d’oriflammes et de poitrail bombé d’idéaux chez George Orwell, mais l’expérience cruelle et glaçante que l’action humble et obscure n’est malheureusement pas celle qui est médaillée et portée en triomphe.

Sa conscience de la manipulation et la réécriture de l’Histoire le hérissent. Dans chaque camp, il voit le mensonge d’une propagande.

“Le totalitarisme exige en fait une altération continue du passé et que soit niée l’existence même de vérité objective.” 

A force de tout mettre au même niveau avec la relativité et la subjectivité de l’opinion, la notion de mal s’installe confortablement aux flancs du bien. La conceptualisation et la sensibilité deviennent arbitres de l’arène personnelle de chacun, et crée un état de psychiatrie à ciel ouvert. Et cette brèche laisse le sournois ennemi s’immiscer, puisque l’information se triture à volonté pour défendre les penchants les plus pervers. 

George Orwell en vient à rappeler la responsabilité de l’auteur, qu’il évolue dans une ère sans conflit majeur, ou bien en pleine bataille : 

“Mais au fond, pourquoi écrit-on des livres? La littérature s’efforce de modifier le point de vue de ses contemporains en rapportant une expérience. Et pour ce qui est de la liberté d’expression, il n’y a guère de différence entre un simple journaliste et l’auteur le plus “apolitique” d’œuvres d’imagination.”

C’est George Orwell qui a développé la notion de Novlangue

Le pouvoir ou surtout la mutilation de la langue est au cœur de son effroi. Le verbe était initialement utilisé et perçu par les initiés comme opérant/opératif. Déjà à son époque, il pointe du doigt les verbiages qui noient l’information dans une pâte informe et absconse. La perte de sens qui découle de l’utilisation d’une langue de type Science-Po, le grand modèle de l’intelligence des élites, effondre toute structure de pensée claire et efficace au profit de jeux de pouvoir lénifiants.

“Ce mélange d’imprécision et de parfaite incompétence est la caractéristique marquée de la prose anglaise moderne et , tout particulièrement, de tout écrit politique. (…) Le concret se fond dans l’abstrait (..) la prose consiste de moins en moins en des mots choisis en raison de leur sens, et de plus en plus en des formules accrochées les unes aux autres comme les éléments d’un poulailler préfabriqué.”

Avec une ribambelle d’exemples, il nous montre l’ineptie de la soupe convenue et convenable d’une langue verbeuse et savante qui devient une boursouflure ou un marécage. Cette utilisation apragmatique du verbe est une gesticulation pour jeter de la poudre aux yeux et reconduire la domination d’un air pénétré, perpétrée par une élite auto-enivrée d’une doctrine régurgitée. Ce culte du discours qui valide et adoube n’importe quelle production ou objet artistique est le doigt qui prétend être la lune !  Avec la posture de l’artiste, de l’intellectuel du philosophe qui déambule en pyjama psychique en ânonnant son fameux ‘sens critique’ sans savoir quoi faire de ses dix doigts gourds, nous avons perdu le sens des mots et prenons le risque de nous tromper de bataille et d’adversaire. Combien sont ceux aujourd’hui qui, à mauvais escient mais par mimétisme, ont cristallisé psychiquement le poing levé et le fantasme de la Résistance dans leur quotidien? Ce n’est pas parce qu’on dit que c’est une pipe que ceci en est une. 

Directement extraites de son ouvrage, voici six précieuses règles d’écriture : 

“1-N’utilisez jamais une métaphore, une comparaison ou une autre figure de rhétorique que vous avez déjà vue souvent.

 2- N’utilisez pas un mot long si un mot court fait l’affaire.

 3- S’il est possible de supprimer un mot, supprimez-le toujours.

 4- N’utilisez jamais le passif si vous pouvez utiliser l’actif.

 5- N’utilisez jamais une expression étrangère, un terme scientifique ou un élément de jargon si vous leur trouvez un équivalent dans la langue de tous les jours.

 6- Enfreignez n’importe quelle règle ci-dessus plutôt que de dire quoi que ce soit de carrément barbare.”

Si vous souhaitez vous engager avec l’écriture et faire bouger les lignes de la conscience, nous vous invitons à lire/relire ce pamphlet qui parle de la langue, cette langue accrochée à la bouche de tous nos bonimenteurs professionnels, cette ‘langue’ devenue le mantra qui a remplacé ‘le style’ (et qui veut pourtant dire la même chose)  et qui confond voix et point de vue, archétype et stéréotype en croyant que c’est le discours et non l’œuvre qui compte. 

Dans « Pourquoi j’écris », Orwell identifie quatre motivations principales pour écrire, qu’il estime universelles et présentes chez tous les écrivains. Voici comment il les décrit :

Le pur égoïsme : Selon Orwell, une des premières motivations pour écrire est le désir de se faire connaître, d’être admiré et de laisser une trace durable. Il qualifie cette impulsion de « purement égoïste », mais ne la dévalorise pas pour autant. L’égoïsme dans l’écriture est, pour lui, une forme de besoin de reconnaissance humaine.

L’enthousiasme esthétique : Orwell est aussi motivé par la beauté de l’écriture, la manière dont les mots peuvent être arrangés pour produire des images ou des effets visuels. Bien qu’il soit souvent plus associé à l’écriture politique, Orwell accorde une grande importance à l’aspect esthétique et créatif de la langue.

L’impulsion historique : Orwell veut aussi capturer la réalité de son époque. Cette impulsion est liée à la volonté de transmettre une vérité objective, de rendre compte des événements et des mentalités contemporaines. Pour lui, l’écriture est une façon de lutter contre la falsification de l’histoire et de laisser une trace de la vérité.

Le but politique : Enfin, Orwell admet que sa motivation la plus forte est politique. Pour lui, toute œuvre sérieuse est, de façon implicite ou explicite, politique. Il écrit pour dénoncer l’injustice, promouvoir la liberté d’expression et combattre le totalitarisme. Ce but politique est, selon Orwell, un impératif pour tout écrivain conscient de son époque.

“Lorsque je m’assieds pour écrire un livre, je ne me dis pas : “Je vais produire une œuvre d’art.” Je l’écris parce que je veux dénoncer un mensonge, attirer l’attention sur un fait, et mon souci premier est de me faire entendre. Mais je ne pourrais pas accomplir la tâche d’écrire un livre ni même un article de revue substantiel s’il ne s’agissait pas aussi d’une expérience esthétique. “

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« Pourquoi j’écris » de George Orwell est bien plus qu’un simple essai sur les raisons qui poussent un écrivain à créer. Il s’agit d’une méditation sur le rôle de la littérature dans la société, sur la responsabilité de l’écrivain et sur le pouvoir des mots. Orwell y expose des idées profondes qui résonnent encore aujourd’hui, particulièrement en ce qui concerne l’importance de la vérité et l’engagement face à l’injustice.

Ce texte est une invitation pour chaque lecteur et écrivain à s’interroger sur ses propres motivations, sur ce qu’il veut transmettre et sur les impacts de ses choix littéraires. Orwell rappelle que l’écriture n’est jamais neutre et que, comme tout acte de création, elle peut être un instrument de transformation du monde.

 

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