Réécrire un roman de A à Z, une hérésie ou une nécessité ? Pour Santiago Gamboa, c’est la seule voie vers un texte abouti. Dans un monde littéraire où l’on glorifie souvent la spontanéité et l’inspiration immédiate, l’auteur colombien défend une approche artisanale et laborieuse, allant jusqu’à recopier ses manuscrits à la main. Est-ce la clé du succès ou la marque d’une obsession démesurée ?
Plongez dans l’univers de Gamboa !
Écrire un roman, c’est entrer dans un labyrinthe dont l’issue reste incertaine jusqu’à la dernière ligne. Pour Santiago Gamboa, figure incontournable du roman noir colombien, ce cheminement passe inévitablement par la réécriture. Dans une interview exclusive pour Les Artisans de la Fiction, l’auteur de Colombian Psycho et Nécropolis 1209 nous ouvre les portes de son processus créatif, marqué par la recherche constante du texte idéal.
L’écriture comme une quête perpétuelle
« Écrire, c’est chercher le livre. »
« Je ne sais pas exactement ce que je vais écrire, mais je connais le point de départ et vaguement où je veux arriver. »
Contrairement à certains auteurs qui déroulent leur intrigue dès le départ, Gamboa appartient à la catégorie de ceux qui écrivent pour découvrir leur propre histoire. « Quand j’ai fini, je comprends enfin ce que j’ai voulu dire. Et là, je recommence. »
La réécriture, un travail physique
« Il s’agit d’enlever tout ce qui n’est pas le roman. »
L’auteur décrit un processus minutieux d’élagage, où chaque impasse narrative doit être supprimée. Mais l’étape la plus surprenante reste celle du « recopiage » :
« Je laisse reposer le texte un mois, puis je l’imprime et je le recopie à la main. Cela donne une unité au roman. »
Cette technique, presque artisanale, permet de trouver une « température » commune à l’ensemble du livre.
Les codes du roman noir revisités
« Un roman noir commence toujours par une question sans réponse. »
« En Amérique latine, l’investigateur est souvent un journaliste. La vérité qu’il découvre ne signifie pas que la loi a gagné, seulement qu’elle est exposée aux yeux de tous. »
Si l’écriture est un voyage incertain, le roman noir s’appuie sur des structures solides. Cette dimension engagée du roman noir latino-américain traduit une volonté de révéler des vérités occultées.
Apprendre par l’écriture
Gamboa rappelle que l’écriture s’apprend, mais que le talent reste insaisissable :
« On peut enseigner des outils : le point de vue, le dialogue, la structure. Mais le talent est un mystère. »
« Plus on écrit, plus le talent grandit. »
Cette réflexion illustre parfaitement l’idée que la création littéraire est un métier autant qu’un art.
Conseil aux jeunes écrivains : éviter les cathédrales trop tôt
« Ne commencez pas par bâtir des cathédrales. Commencez par une petite église de campagne. »
Pour lui, il est crucial de respecter ses limites et de ne pas brûler ses étapes :
« Si vous mettez toute votre énergie dans les dix premiers kilomètres, vous n’irez pas loin. »
Conclusion : La réécriture comme voyage intérieur
Santiago Gamboa nous rappelle que l’écriture est une exploration constante, un dialogue intime entre l’auteur et son texte. Chaque réécriture est une opportunité de plonger plus profondément dans les arcanes de l’histoire et de donner naissance à un roman plus abouti, plus sincère. À travers cet entretien, Gamboa nous offre une leçon d’humilité et de persévérance, essentielle à tout aspirant écrivain.
Découvrez notre interview de l’éditrice de Santiago Gomboa :
Si vous souhaitez vous former au créative writing et aux techniques de narration littéraire, nous vous recommandons les formations suivantes :